Tour de France Femmes - Marion Rousse : «Le cyclisme féminin marche très bien...»

Trois semaines après le Tour de France, c'est logiquement au tour du Tour de France Femmes avec Zwift de marquer le coup ce jeudi 17 avril, à J-100 du Grand Départ de sa 4e édition, qui se fera à Vannes le samedi 26 juillet prochain pour neuf étapes jusqu'à Châtel, où sera jugée l'arrivée finale le dimanche 3 août. Après les Pays-Bas et Rotterdam l'an passé, la Grande Boucle féminine s'élancera donc du Morbihan et de Bretagne en 2025, une région qui n'avait pas encore été visitée par l'épreuve depuis sa création en 2022. Pour célébrer cette date importante et symbolique des 100 jours avant le Grand Départ, une grande présentation était organisée ce jeudi à Vannes. La directrice du Tour de France Femmes Marion Rousse était forcément présente pour évoquer ce Grand Départ breton et les enjeux de cette 4e édition lors d'une interview donné devant de nombreux médias, dont Cyclism'Actu.
Vidéo - Marion Rousse à J-100 du Grand Départ de Vannes du TDFF 2025
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? J-100 ?
— Le Tour de France Femmes avec Zwift (@LeTourFemmes) April 17, 2025
? The countdown is officially on! See you on July 26 for the Grand Départ of the #TDFF2025!
? Le compte à rebours est lancé ! Rendez-vous le 26 juillet pour le Grand Départ du #TDFF2025 !#WatchTheFemmes l @GoZwift pic.twitter.com/NS7Ch4nNq0
"Partir de Bretagne... important et logique"
Ce Grand Départ de Bretagne et de Vannes, qu'est-ce qu'il représente ?
C'était très important, et j'ai même envie de dire logique, de partir depuis cette belle région de la Bretagne, qui est une terre de champions et de championnes, avec un public de connaisseurs et de pratiquants. Le Tour de France Femmes, ce sont des parcours, des coureuses et une compétition, mais c'est aussi la beauté des paysages. La force du Tour, c'est de s'adresser à la fois aux passionnés et à d'autres personnes qui ne vont pas forcément regarder du vélo toute l'année. Et la Bretagne répond vraiment à toutes ces caractéristiques, avec un Grand Départ et deux premières étapes pour puncheuses déjà très importants pour le restant de la semaine et le classement général.
Peut-on s'attendre au même engouement qu'au Pays-Bas l'an dernier ?
Oui, je crois qu'on va avoir un succès populaire assez dingue parce que les Bretons aiment le vélo et le pratiquent.
Le Tour peut-il se jouer sur ces trois premières étapes bretonnes ?
Sur le Tour, homme ou femme, toutes les étapes sont importantes, et ces deux premières n'y dérogent pas. Ce départ sera déjà très piégeux, avec un parcours pour puncheuses où on pourrait perdre du temps. Ces premières journées regorgeront de pièges.
"On ne se repose pas sur nos lauriers, et on ne se ferme la porte à rien"
Avez-vous atteint vos objectifs depuis la création de l'épreuve il y a 4 ans ?
Je n'ai pas envie de dire qu'on a atteint nos objectifs, car j'ai envie tout le temps de me remettre en question, car c'est comme ça qu'on avance dans la vie. En quatre éditions, ce dont je suis le plus fière, c'est que j'ai l'impression que dès le début, on s'est fait adopter par le grand public. On est rentré dans le quotidien des gens, ils ont compris que c'était un vrai Tour de France, avec la magie qui va avec. C'est un spectacle gratuit, les gens viennent nous voir sur le bord des routes. Quand je vois la présence de gamins et gamines, et pas que, je suis impressionnée qu'on soit arrivé à un tel résultat en 4 ans. On passe aussi de 8 à 9 jours de course cette année, c'est un message fort. On ne se repose pas sur nos lauriers, et on ne se ferme la porte à rien.
Vous êtes optimiste pour le cyclisme féminin ?
Je suis plus qu'optimiste. Je savais qu'il allait progresser, et qu'il nous fallait une course référence pour nous faire connaître, car aucun média ne s'intéressait au cyclisme féminin. Et les championnes ont répondu de la meilleures des manières, à la pédale, avec un superbe spectacle. L'édition 2024 a marqué les esprits avec ces 4 petites secondes entre Katarzyna Niewiadoma et Demi Vollering. Les gens ont appris à aimer le cyclisme féminin. Pour toutes ces raisons, je suis très optimiste pour le développement du cyclisme féminin.
"Pauline Ferrand-Prévot qui gagne le Tour... j'y crois !"
La présence de Pauline Ferrand-Prévot sur le Tour, ça change quoi ?
Evidemment, quand elle a annoncé après son titre olympique en VTT son retour sur la route pour remporter le Tour de france Femmes, on était très heureux. Car ça montre déjà qu'on fait du bon boulot en tant qu'organisateur. C'est une course qui donne envie à d'immenses championnes de revenir pour y participer et gagner, comme Pauline mais aussi Anna van der Breggen. Et forcément, la présence de Pauline résonne en nous, ça a un sens un peu plus particulier parce que c'est une Française et une championne qui dépasse même le cadre du sport. Tout le monde la connaît, elle va encore plus donner envie à de jeunes filles de monter sur un vélo. Et puis on l'attend depuis Bernard Hinault cette victoire française sur le Tour et un Français avec le maillot jaune à Paris... Et bien j'ai envie de dire que ce sera sûrement une Française qui le fera, peut-être pas cette année, mais elle s'est donnée trois ans pour le faire. Et moi j'y crois !
"Vraiment, le cyclisme français féminin se porte très très bien"
Est-ce que ce Tour 2025 va sonner plus français ?
C'est vrai qu'il résonne plus français, avec Demi Vollering qui a rejoint l'équipe FDJ-SUEZ qui fait un début de saison impressionnant. J'ai l'impression que la championne de France en titre Juliette Labous a aussi passé un cap chez FDJ-SUEZ. Vollering pousse tout le monde vers le haut, et elle reste quand même pour moi la favorite numéro une. Elle sera revancharde par rapport à l'an passé. Il y a aussi Cédrine Kerbaol qui revient et a aussi changé d'équipe cet hiver, elle qui restera à jamais la première Française à avoir gagné une étape sur le Tour Femmes. Et puis Pauline Ferrand-Prévot comme je viens de le dire... Vraiment, le cyclisme français féminin se porte très très bien.
"Je ne sais pas où on sera dans 10 ans, mais on sera très haut"
Où imaginez-vous le Tour Femmes dans 10 ans ?
C'est dur de se projeter, mais je pense qu'on est vraiment sur de bons rails là. Quand on a relancé la course avec ASO, on avait dit qu'on voulait être encore là dans 100 ans, et je crois qu'on est vraiment en train de pérenniser la course. Je vois les médias de plus en plus nombreux comme aujourd'hui, les audiences qui montent sur France TV... le cyclisme féminin marche très bien, je suis très confiante. Je ne sais pas où on sera dans 10 ans, mais on sera très haut.
"Pauline Ferrand-Prévot... elle est capable de tout, elle fait partie des Fantastiques"
Vous connaissez très bien Pauline Ferrand-Prévot, quels sont ses points forts qui peuvent lui permettre de faire un podium, voire de gagner à terme le Tour de France ?
Elle est capable de tout, on l'a vu sur Paris-Roubaix ce week-end. Avec son passé de vététiste, elle peut aller très loin dans la zone rouge et se dépasser dans la douleur. Son mental fait vraiment d'elle une championne hors-normes. On a Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel qu'on appelle les Fantastiques, et bien j'ai aussi envie de mettre dans cette catégorie Pauline. On aimerait évidemment appeler à la prudence après ce retour sur la route, on se dit qu'un podium serait déjà magnifique... mais c'est Pauline, avec toutes ses qualités de championne, donc elle est capable de le faire.