Route - Jean-René Bernaudeau : «Tadej Pogacar ? Qu’il donne des garanties... »

Jean-René Bernaudeau avait beaucoup de choses à dire... Dans une longue interview accordée à RMC Sport à quelques jours de Paris-Roubaix, le manager général de l'équipe TotalEnergies a fait bien plus qu'évoquer la 122e édition de l'Enfer du Nord prévue ce dimanche, revenant ensuite sur de nombreux sujets et débats liés au cyclisme avec sa franchise habituelle. "Sans commentaire" et ne "voulant pas alimenter" les rumeurs récemment confirmées par nos informations chez Cyclism'Actu d'un éventuel partenariat à venir entre son sponsor et l'équipe INEOS Grenadiers, le dirigeant véndéen de 68 ans a également donné son avis sur l'état du cyclisme mondial, s'interrogeant notamment sur l'ultra domination de Tadej Pogacar (UAE Team Emirates XRG) et lui demandant de "publier ses paramètres" pour lever tout soupçon de dopage.
Vidéo - Bernaudeau à notre micro à la présentation du Tour 2025
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"C’est stupéfiant de voir cette différence de niveaux. Je ne doute pas, mais..."
Le triple vainqueur du Tour de France et récent lauréat du Tour des Flandres s'aligne pour la première fois sur Paris-Roubaix ce dimanche, et fera bien évidemment partie des favoris malgré son inexpérience. "C’est stupéfiant de voir cette différence de niveaux. J’ai connu une époque où si on ne prenait pas de relais, on pouvait rester derrière les meilleurs. Plus maintenant. On parle de Pogacar, c’est quelqu’un d’exceptionnellement fort. Il a une belle gueule, une belle dimension mais je voudrais qu’il aille encore plus loin dans ce qu’est le sportif de haut niveau. Qu’il donne des garanties. Certains l'ont fait. Je demande qu’il publie ses paramètres, ses watts… ce qu’il fait. Et qu’on stocke les prélèvements pour dire "je suis à votre disposition dans dix ans quand la recherche avancera", comme l’avait fait Félicia Ballanger", explique Bernaudeau.
S'il affirme ne pas vouloir "semer le doute", le manager insiste sur la nécessité de lutter pour un cyclisme plus crédible. "Je ne doute pas, mais je trouve dommage que tout le monde n’aille pas au MPCC (mouvement pour un cyclisme crédible). Les cétones, je ne sais pas ce que c'est. Le gaz carbonique qu’on inhale, je ne sais pas pourquoi on le fait. Mais indiscutablement c’est catastrophique pour notre crédibilité. Le soupçon, on vit avec, on a eu l’affaire Festina. On n’est pas à l’abri d’une autre. Je ne pense pas que le cyclisme ait les moyens de se prendre encore un scandale, il ressort la tête de l’eau. L’AMA (agence mondiale antidopage) a été créée, le passeport biologique a été créé, le logiciel de localisation a été créé, on va dans le bon sens. Mais aujourd’hui il faut aller encore plus loin, il faut changer les lois."
"C'est Benoît Génauzeau qui va me remplacer... mais ce n'est pas pour tout de suite"
Forcément interrogé sur l'une des principales informations et rumeurs de ces derniers jours concernant son équipe, à savoir que "TotalEnergies songe à quitter le cyclisme français pour s'associer à INEOS et monter une énorme structure", "JRB" a sans surprise préféré botter en touche. "Sans commentaire. Car je ne veux pas alimenter. Le journaliste doit contrôler ses sources et puis les réseaux sociaux, les machins, les trucs… Moi je ne suis pas abonné, je me suis préservé. J'ai des gens chez moi qui le font, je ne suis sur aucun réseau social. Donc je suis un peu étanche et je me fiche un peu de ce qui se dit. Maintenant c'est vrai que certains rêveraient d'avoir un sponsor aussi puissant", a-t-il souligné.
Enfin, celui qui fêtera ses 69 ans le 8 juillet prochain a évoqué son avenir à la tête de la structure vendéenne, qu'il a créée il y a 25 ans maintenant. Si l'emblématique manager n'a pas encore prévu de passer la main dans un avenir proche, il a confirmé que son successeur sera à terme Benoît Génauzeau, actuel directeur sportif de TotalEnergies. "C'est Benoît qui va me remplacer, ça c'est acté. Mais je ne me sens pas vieux, et puis j'ai tellement de projets. Il faut que je finisse ce que j'ai commencé, ça c'est important pour moi, pour ma conscience. Et malheureusement, ce n'est pas pour tout de suite. Il y'a quand même du boulot. On est de passage, il faut laisser une belle trace. Je ne vais pas aller trop loin parce que j'ai de l'émotion. Mais j'ai tellement eu de chance dans ma vie, qu’il faut que je redonne encore plus, toujours plus. Il y a des larmes de joie que j'ai eues, qu'aucun milliardaire ne pourra se payer", a conclu Jean-René Bernaudeau.