Route - Tom Boonen - Fabian Cancellara le début de la fin ?
Par Benoit LAURENTI le 03/04/2015 à 08:03
Vidéo - Cancellara : "Il n'y a pas que Tom Boonen et moi"
Sur les routes piégeuses de Paris-Nice, Tom Boonen chutait et devait renoncer aux classiques Flandriennes de 2015. Une campagne qui s'annonçait pourtant bien avec le collectif pléthorique de son équipe, l'Etixx-QuickStep. Sur l'E3 Harelbeke, c'est Fabian Cancellara qui a du renoncer à ses objectifs de printemps. La faute à deux vertèbres fracturées. Cyclism'Actu vous propose un retour sur la rivalité entre ces deux coureurs et les menaces qui guettent leur hégémonie.
Boonen-Cancellara, coureurs monumentaux
Le Belge et le Suisse sont des maîtres sur les pavés. Il faut dire qu'à eux deux, ils collectionnent 6 Tours des Flandres (3 chacun) et 7 Paris-Roubaix (4-3, avantage Boonen). De telles performances étalées sur 10 ans, reflètent le niveau et la domination sans appel de ces deux coureurs. Bien évidemment, la razzia n'a pas été totale et des coureurs ont pu s'imposer sur ces monuments, comme Devolder, Terpstra, Van Summeren... Des coureurs ayant pour point commun d'avoir su profiter du l'affrontement de ces deux géants (et les enjeux que cela implique, avec un marquage des favoris, un refus de coopérer) pour tirer leur épingle du jeu.
Une absence qui fait date
C'est une certitude, ni Tom Boonen ni Fabian Cancellara ne seront au départ des deux monuments que sont le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Ils ne seront donc pas sur le podium et il faut remonter à 2009 (Tour des Flandres, victoire de Devolder) et 2007 (Paris-Roubaix, victoire d'O'Grady) pour retrouver un top 3 vierge de leurs noms.
En ce sens, 2015 marque un tournant et à leurs âges (les deux coureurs ayant actuellement 34 ans), avec une jeunesse qui pousse, on peut se demander si cette année ne sera qu'un blanc dans un palmarès ou bien le "début de la fin".
En Belgique (mais aussi en Suisse), ça pousse
Si la Suisse voit sa relève incarnée par Dillier et Küng, la Belgique possède quant à elle un véritable vivier de coureurs capables de briller et prendre la relève de Tom Boonen. Le meilleur exemple réside dans la démonstration d'équipe faite par Wallays et Theuns, deux coureurs de la TopSport-Vlaanderen. Sur les routes d'A travers la Flandre, ils ont symbolisé la maîtrise tactique des courses pavées en signant un doublé remarquable pour l'équipe Continentale Pro belge.
Les exemples de coureurs aux dents longues sur les pavés sont légions. En chasse avant sa chute sur l'E3, Van Avermaet est lui aussi apte à prendre la flambeau, même s'il n'est pas des plus jeunes. Il a souvent eu le rôle de second mais il reste toujours un client sérieux à ne pas sous-estimer. Citons aussi Sep Vanmarcke, coureur de la Lotto-Jumbo, qui à 26 ans, a déjà remporté le Het Nieuwsblad, fait second de Paris-Roubaix et 3e à Roubaix.
Sky, la nouvelle armée du nord
Quand on pense classiques du nord, on pense forcément aux hommes de Patrick Lefevere. Des hommes omniprésents sur les pavés, faisant main basse sur de nombreuses classiques. Sa structure, aujourd'hui Etixx-Quickstep mais qui il y a 20 années de cela était la Mapei n'a cessé de se montrer. Avec des hauts, comme le mythique triplé de Roubaix mais aussi des bas comme le récent camouflet reçu sur les routes du Het Nieuwsblad en se faisant piéger par Stannard à trois contre un.
Stannard... Coureur de la Team Sky. Si les hommes en noir sont souvent attendus sur les courses par étapes, 2015 est pour eux une année différente avec des résultats tout aussi probants sur les classiques. Stannard s'est imposé sur le Het Nieuwsblad, et voilà que Geraint Thomas s'impose sur l'E3 Harelbeke. L'équipe est solide, et possède d'autres atouts dans son jeu. Le 3e larron n'est autre que Bradley Wiggins, qui terminera sa carrière sur route sur le vélodrome de Roubaix, une course qu'il rêve de remporter. Trois coureurs capables de briller, entourés par des coureurs d'expérience, Bernhard Eisel en tête de gondole.
Ils sont en embuscade
Réduire la chasse des classiques pavées aux Belges et aux équipes dominantes serait réducteur vis-à-vis d'un peloton qui regorge de coureurs de talent qui ont le potentiel pour rafler la mise. Le meilleur exemple : Peter Sagan. Toujours jeune, toujours prometteur, le nouveau pensionnaire de la Tinkoff-Saxo est toujours à la recherche d'un monument, lui qui y est toujours placé, mais jamais vainqueur. Une nouvelle fois présent dans le final de l'E3, il n'a une nouvelle fois pas su répondre présent au moment critique.
Chez Etixx-QuickStep, l'absence de Tom Boonen est un faux problème. Bien sûr, Tommeke va manquer, mais l'équipe belge, guidée par un Stybar très inspiré en ce début de saison et un Niki Terpstra vainqueur sortant de Paris-Roubaix, saura se défendre et le poids du leadership de Tom Boonen en moins, pourrait finalement être un mal pour un bien et décomplexer l'équipe dans son ensemble. Une équipe qui pourra compter sur des roule-toujours tels que Van Keirsbulck et Vanderbergh et pourquoi pas sur ses jeunes pousses, comme Lampaert.
Enfin, il serait injuste de ne pas citer des coureurs tels que Langeveld régulièrement dans les 10 sur les deux monuments, les deux sprinteurs Degenkolb et Kristoff, qui ont tous deux réalisé un top 10 sur l'un des deux monuments, mais aussi l'inusable Bjorn Leukemans qui continue d'arpenter les routes pavées avec une grande régularité.
Et puis en France...
Chavanel vieillit. Chavanel court dans une équipe qui n'a pas l'envergure d'une Etixx-Quick Step ou une Sky. Mais Chavanel est toujours là ! Le Français court après ce rêve d'un monument et la France attend de trouver dans son vivier un jeune capable de reprendre le flambeau. Par le passé, des coureurs tels que Sébastien Turgot sont montés sur le podium de Paris-Roubaix par exemple, mais aucun n'y a levé les bras depuis Guesdon, c'était en 1997.
Arnaud Démare, le champion de France, a clairement affiché ses ambitions sur ce type de courses, et son coéquipier de la FDJ Offredo n'a jamais céssé de clamer son amour pour ces classiques. Bouhanni s'est montré désireux d'essayer ces classiques et dans sa roue chez les rouges de la Cofidis, on retrouve deux coureurs : d'un côté, Adrien Petit. Sprinter dans l'ombre de Démare et Bouhanni, il a montré de belles prédispositions à la flahute en remportant le Tro Bro Léon. De l'autre côté, il y a le jeune Florian Senechal, 21 ans, qui avait remporté Paris-Roubaix en Juniors, c'était en 2011.
Néanmoins, les deux monuments que sont le Ronde et Roubaix demandent de l'expérience et à l'image de ce que font les Français en montagne ou dans les sprints massifs, il faudra prendre son mal en patience. Et cela finira par payer !