Route - Bernard Thévenet : «Sur le Tour, on a surestimé Pogacar»
Par Clément LABAT-GEST le 30/09/2022 à 14:13
En tournée promotionnelle, pour son livre "Thévenet, le mythe illustré", en collaboration avec Jean-Paul Vespini (Mareuil éditions), Bernard Thévenet a profité d'une sortie médiatique pour évoquer l'actualité du cyclisme et revenir notamment sur la Grande Boucle 2022. Double vainqueur du Tour de France (1975 et 1977), "Nanard" est ainsi revenu sur la victoire de Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma). "Il ne sort pas de nulle part, puisqu’il était deuxième l’an passé. Roglic semblait être le leader de son équipe, mais Vingegaard a parfaitement su saisir sa chance, après la chute de Roglic qui a diminué ses chances. Il a bien mené son affaire, s’est montré intraitable dans les grands cols. Il mérite sa victoire", explique-t-il dans un entretien accordé à La Nouvelle République.
Vidéo - Tour 2022 - Bernard Thévenet au micro de Cyclism'Actu
"Gagner le Tour, ce sont beaucoup d’éléments et de paramètres aujourd’hui"
"Je n’ose plus trop me risquer à prédire l'avenir parce que, s’agissant des deux derniers vainqueurs, Egan Bernal puis Tadej Pogacar les deux éditions suivantes, je leur prédisais trois ou quatre succès, poursuit Bernard Thévenet. Bernal doit encore se remettre pleinement de sa chute du mois de janvier, mais ils seront encore présents à l’avenir, c’est sûr. Ce qui, toutefois, m’est apparu sur ce Tour, c’est que l’on avait peut-être un peu surestimé Pogacar à la faveur de ses deux succès consécutifs. Lorsque les adversaires roulent pour vous, cela va évidemment beaucoup mieux que lorsqu’ils vous défient."
Le natif de Saint-Julien-de-Civry a également commenté la performance de David Gaudu (Groupama-FDJ) qui avait pris la 4e place du classement général, en juillet dernier : "Il était très prometteur il y a trois ans, puis, il n’a pas confirmé. Là, on le retrouve à un excellent niveau. Gagner le Tour, ce sont beaucoup d’éléments et de paramètres aujourd’hui, et donc c’est difficile à dire. Difficile aussi de quantifier une marge de progression. Mais je pense qu’il a le potentiel pour atteindre le podium, notamment s’il apprend à souffrir en début d’ascension des cols. J’avais, moi-même, ce défaut en début de carrière : au pied du col, on prend peur, on se dit que l’on va exploser. Il faut faire et refaire l’exercice pour gagner la confiance en soi, car tout est là. Si David franchit ce cap, alors oui, il est compétitif pour un podium dans les prochaines années."
"Sur le papier, je finis quatrième du Tour, mais en réalité, c’est nous tous qui finissons quatrièmes"
— Équipe Cycliste Groupama-FDJ (@GroupamaFDJ) July 25, 2022
Bilan du Tour de France 2022 ponctué par la 4e place de David Gaudu, accompagné par "une équipe extraordinaire"
"Le Tour de France est passionnant si l’on en est curieux..."
Enfin, Bernard Thévenet a évoqué son intérêt personnel pour le Tour de France. "Le Tour est passionnant si l’on en est curieux. J’ai toujours dit que je n’échangerais pour rien le temps que j’ai vécu contre un autre. Le temps de l’ardoisier, du sprint à la pancarte, des attaques à l’instinct qui ne venaient d’aucune oreillette… Mais les temps changent. Ils ont changé au moins autant dans le cyclisme que dans le rugby, par exemple. [...] Ce n’est pas pour autant qu’il faut cesser de s’intéresser à un sport devenu plus pointu, avec des compétiteurs bien mieux entraînés que nous ne l’étions. Le cyclisme est-il plus aseptisé aujourd’hui qu’hier ? Sans doute. Mais il n’est pas moins passionnant", conclut-il.