Paris-Roubaix - Direction le paradis pour le lauréat de l'Enfer du Nord
De toutes les courses du calendrier cycliste, Paris-Roubaix est sans aucun doute la plus anachronique. Les valeureux coureurs qui s'y attaquent semblent parfois remonter aux origines du sport cycliste, lorsque les pionniers roulaient sur ces mêmes chemins, sur des vélos en acier et des boyaux autour du cou. Sur cette épreuve, le courage et l'abnégation peuvent parfois remplacer voire dépasser la force physique. Ce n’est pas forcément le plus fort qui gagne Paris-Roubaix, c’est le plus résilient à la douleur, le plus malin et le plus chanceux. C’est la course d’un jour avec le moins de dénivelé, mais une autre difficulté se dresse sous les roues des coureurs : les pavés. Ils sont bien sur la particularité de cette course. Disjoints, souvent en mauvais état, boueux ou poussiéreux selon la météo. 55 kilomètres de ces routes pavées sont recensés pour cette édition 2023, répartis sur 29 secteurs. Ceux-ci sont classés d’une à cinq étoiles selon leur degré de difficulté. Plusieurs d'entre eux portent des noms sans équivoque : le Chemin des Abattoirs ou encore la Tranchée d'Arenberg.
Vidéo - Daniel Mangeas : "Paris-Roubaix est incontournable"
Une traversée chargée d’histoire
La Tranchée d’Arenberg, de son nom officiel Drève des Boules d’Hérin, a été proposée aux organisateurs en 1968 par Jean Stablinski, champion du monde en 1962. La Tranchée se trouvant à quelques centaines de mètres d’un site minier où il avait travaillé dans sa jeunesse, Jean Stablinski dira plus tard : "Je suis le seul coureur au monde à avoir parcouru la tranchée d’Arenberg par au-dessus et par en-dessous". L’arrivée sur un vélodrome est aussi une particularité de la Reine des Classiques. Dans le passé, de nombreuses épreuves se terminaient sur des vélodromes, c’est désormais la seule à avoir conservé cette tradition. Encore une preuve de son côté atypique, d’un autre temps.
De nombreux champions ont triomphé de Paris-Roubaix
Paris-Roubaix est l’une des plus anciennes courses cyclistes. Créée en 1896 par Théodore Vienne et Maurice Perez, deux filateurs Roubaisiens et propriétaires du vélodrome, l’épreuve en sera cette année à sa 120e édition. Le premier lauréat fut l’allemand Josef Fischer, alors qu’un seul coureur originaire de Roubaix s’est imposé, Charles Crupelandt, en 1912 et 1914. Le dernier secteur pavé porte d’ailleurs son nom. Par la suite, de nombreux grands champions ont triomphé sur le vélodrome. Des coureurs comme Rik Van Steenbergen, Fausto Coppi, Louison Bobet, Rik Van Looy, Felice Gimondi, Hennie Kuiper, Sean Kelly, Franco Ballerini, ou plus récemment Peter Sagan et Philippe Gilbert.
Bien sûr, de nombreux autres coureurs ont marqué les esprits par leur aisance sur les pavés. On pense à certains triples vainqueurs comme Fabian Cancellara (2006, 2010 et 2013), Johan Museeuw (1996, 2000 et 2002), Francesco Moser (1978, 1979 et 1980) et bien sûr Eddy Merckx (1968, 1970 et 173). Mais les deux plus grands spécialistes de cette épreuve légendaire sont deux coureurs belges. Ils sont d'ailleurs recordmans de victoires, avec quatre succès : Roger De Vlaeminck (1972 , 1974, 1975 et 1977) et Tom Boonen (2005, 2008, 2009 et 2012).
👿 Un pavé pour deux - épisode 3
— Paris-Roubaix (@parisroubaix) April 5, 2023
À l’heure où se dessine une nouvelle confrontation entre Wout van Aert et Mathieu van der Poel, retour sur les grands duels de l'histoire de #ParisRoubaix.
Aujourd’hui : 🇧🇪 Eddy Merckx vs 🇧🇪 Roger De Vlaeminck
🔠Dans les années 70, la… pic.twitter.com/pcp3y9j8iZ
Et du côté français …
A contrario, d'autres grands champions détestaient Paris-Roubaix, à l'image de Bernard Hinault, qui avait même déclaré que "Paris-Roubaix, c’est une connerie !". Par orgueil, il viendra finalement en 1981, avec le maillot de champion du monde sur les épaules. Bien lui en pris, puisqu'il a finalement... gagné L'enfer du Nord cette année-là. Seulement trois coureurs français se sont imposés depuis Hinault. Marc Madiot l’a fait deux fois, en 1985 et 1991, Gilbert Duclos-Lassale également deux fois, en 1992 et 1993, et le dernier en date Frédéric Guesdon, en 1997. Cela fait donc 26 ans qu’un coureur français n’a plus remporté le seul monument disputé en France. Une éternité … Alors, qui pour succéder à Dylan van Baarle (Jumbo-Visma), lauréat de l’Enfer du Nord en 2022 ? Réponse vers 17 heures sur le vélodrome de Roubaix.