Les carnets secrets - Marc Fayet : «Que du bonheur ce Tour du Finistère»
Marc Fayet, vous connaissez ? Vous avez déjà pu le découvrir et le lire il y a quelques temps déjà sur Cyclism'Actu ! Marc Fayet est donc de retour avec sa chronique ou plutôt sa rubrique "Les carnets secrets". Pour rappel, Marc Fayet, né en 1961, est un homme du théâtre et de la scène. Acteur et metteur en scène mais aussi passionné de vélo. Marc s'est toujours investi : il écrit, commente, agit autant qu'il le peut dans le cyclisme, notamment sur le Tour du Finistère dont il est aujourd'hui et depuis 2021, le président du comité d'organisation. Marc Fayet et "ses" carnets secrets, ce sera désormais à retrouver régulièrement sur Cyclism'Actu.
Vidéo - Marc Fayet notre chroniqueur... au micro de Cyclism'Actu !
Le 13 mai à midi dans l’accueillante commune de Saint-Evarzec va débuter la 37ème édition du Tour du Finistère. C’est joyeux, c’est fun, c’est du bonheur en perspective. On n’imagine pas les trésors d’imagination, d’audace, de détermination, de débrouillardise qu’il a fallu déployer pendant ces trois décennies passées pour que l’épreuve soit toujours au programme. Parce que c’est un combat insensé mené par des personnages encore moins sensés au profit d’un spectacle qui ravit toujours autant surtout lorsqu’il y a du soleil et un beau vainqueur (Ce qui ne veut pas dire que sous des trombes d’eaux celui qui l’emporte ne soit pas aussi beau, mais ça se voit moins).
Le 13 mai c’est sûr, les équipes seront présentes et puis les journalistes aussi et puis les suiveurs et puis les bénévoles et puis le public… Mais d’où vient cette légère inquiétude qui me hante ? Cette crainte qui me taraude me laissant envisager un avenir légèrement gris ? Elles ont pour motif la concurrence, d’abord celle du Giro qui débute le week-end précédent et le Tour de Hongrie qui aura débuté trois jours plus tôt. Deux fronts de grande importance qui siphonnent les effectifs, phagocytent les écrans télé et rendent les groupes sportifs très regardants sur les autres participations possibles. Et nous voici, les organisateurs de l’Ouest, qui avaient vus dans le rapprochement de leurs épreuves, un moyen d’être plus attractifs en proposant deux épreuves le premier week-end du 6 et 7 mai (Tro Bro Leon et GP du Morbihan) et deux autres (Nous et les Boucles de l’Aulneles 13 et 14 mai) confrontés à une véritable difficulté pour présenter des plateaux prestigieux. Qu’est-ce que ça veut dire ? ça veut dire que c’est difficile de faire sa place, parce que nous ne sommes que des épreuves Coupe de France (Beaucoup d’étrangers s’en moquent de ce challenge) que nous sommes loin là-bas dans cette pointe de Bretagne si exceptionnelle, alors que nous proposons des parcours exceptionnels de diversité et de compétitivité propres à proposer des combats de guerriers qui grandissent notre sport.
"Années après années... "
Mais ces arguments semblent peser de moins en moins dans les balances financières du marketing sportif. Ce n’est pas une exception dans ce monde gâté par la course aux points, les points à la bourse comme les points UCI. Années après années ce sont de plus en plus d’équipes World Team qui renoncent à faire le déplacement. Heureusement, la chance du règlement de la LNC nous offre la possibilité de recevoir les 4 WT françaises, en cela nous pouvons nous considérer vernis quand certaines nations comme l’Italie n’en a plus une seule. Mais le constat est vite fait, entre les têtes d’affiches présents sur le Giro, les nouvelles pousses lancées sur le Tour de Hongrie pour se confronter à la deuxième couche du gratin et les valeureux retenus en stage pour préparer Dauphiné et Tour de France, vous imaginez leur difficulté de trouver des coureurs disponibles pour venir jusqu’à nous. Si certaines équipes Pro-teams (Pas toutes) gardent un œil sur nous, que les continentales Françaises nous réservent leur confiance, que les continentales étrangères, nous sollicitent comme des mortes de faim, prêtes parfois à venir pour rien, juste pour tenter d’exister, nous savons qu’en additionnant tous ces paramètres, notre pouvoir d’attraction pour les premières divisions se réduit inexorablement. C’est un peu comme le réchauffement climatique, on ne peut rien y faire, on fait des conférences, on prend des décisions, on passe des accords et pourtant le désert s’avance.
Comme tous les ans les bras n'ont pas manqué afin de flécher et "pancarter" l'intégralité des 200 bornes du Tour du Finistère de samedi. Partis ce jeudi matin à 8 heures (après de longs préparatifs) la vingtaine de volontaires, membres ou non du KAS organisateur. pic.twitter.com/KnDlEIVOOJ
— Tour du Finistere (@TourFinistere) May 20, 2022
"Alors que faire ?"
Alors que faire ? Continuer à croire, continuer à se battre parce que le plus important est de prendre exemple sur nos ancêtres, les organisateurs d’avant, et leurs ancêtres, ceux qui ont imaginés et créés les premières épreuves cyclistes, et les ancêtres de nos ancêtres, Les Gaulois qui n’ont pas inventé le vélo, mais la maîtrise du fer, et le fer c’est bien mais le faire c’est mieux. Nous sommes les irréductibles du cyclisme d’aujourd’hui et nous n’allons pas défaire ce qui a déjà été fait, on va continuer à y croire dur comme fer, mais c’est souvent dur de faire !!!