ITW - W. Barguil : «Moins de pression au Tour de Suisse»

Le mois prochain, Warren Barguil (Team Giant-Alpecin) participera à son deuxième Tour de France. Quatorzième l’an dernier pour sa première sur la Grande Boucle, le coureur d’origine bretonne se rendra au départ du Mont-Saint-Michel le 2 juillet prochain avec cette fois-ci, d’autres ambitions. Pour Cyclism’Actu, le fan du FC Lorient nous dévoile ses objectifs et revient également sur ce terrible accident qui aurait pu lui couter la vie en début d'année.

 

Warren, la saison a mal débuté pour vous et votre formation avec cette voiture qui vous a renversé ainsi que cinq de vos coéquipiers en janvier dernier. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Cet accident n’a pas été un moment facile de ma vie. Cela a changé beaucoup de choses dans ma vision. J’aurais pu décéder, on a eu beaucoup de chance de ne pas mourir. Mais, j’ai su bien surmonter ça. 

 

Ces derniers temps, le cyclisme est devenu sujet de polémiques suite aux nombreux accidents liés aux véhicules accompagnateurs. Quel est votre point de vu à ce propos ?

Il faut bien qu’il y ait des voitures et des motos pour nous encadrer mais elles pourraient faire plus attention. Aujourd’hui, il y a beaucoup trop de pression sur les routes et parfois, certains coureurs ne respectent pas les consignes en ne laissant pas passer ces véhicules.

 

Venons-en à votre début de saison. Malgré une fracture du scaphoïde qui vous a éloigné de votre vélo pendant quinze jours, vous avez su engranger de bons résultats (ndlr : 22^e du Tour de Catalogne, 3^e de la 4^e étape du Tour du Pays Basque, 15^e de l’Amstel Gold Race, 9^e de La Flèche Wallonne et 6^e de Liège-Bastogne-Liège). Est-ce une première partie de saison à la hauteur de vos attentes ?

J’ai fait une bonne première partie de saison où je ne suis notamment pas passé loin d’une victoire d’étape sur le Tour du Pays Basque. Ensuite, sur l’Amstel, j’ai déraillé et j’ai du faire un gros effort pour revenir et j’ai hésité à sortir dans le Cauberg. Mon classement sur Liège-Bastogne-Liège est un très bon résultat, j’en suis vraiment satisfait. Cette année, j’avais décidé de faire les Ardennaises à fond et si je ne réussissais pas à y faire un résultat, j’aurais arrêté de viser ces courses.

 

Avez-vous tout de même des regrets sur ces six premiers mois de compétition ?

Non pas vraiment, le seul regret que je peux avoir c’est lors de ma troisième place au Pays-Basque, j’étais mal placé pour pouvoir suivre Sanchez.

 

Vous sortez d’un stage en altitude au Sierra Nevada. Quels étaient les objectifs ?

L’objectif de ce stage au Sierra Nevada était de monter des cols. Je me suis entraîné dans de bonnes conditions puisqu’il y avait le beau temps tous les jours. J’y suis resté pendant vingt jours et j’étais tout seul une bonne partie du temps jusqu’à l’arrivée de Tom (Dumoulin) en fin de stage. Je rentre demain (mardi) et Tom continuera à s’y entraîner quelques jours.

 

Près de deux mois après votre dernière apparition en compétition, vous serez de retour dimanche sur les routes du Tour de Suisse. Avec l’ambition de jouer les premiers rôles ?

Je vais d’abord voir comment mes jambes réagissent et j’espère qu’elles seront bonnes. L’an dernier, j’avais perdu beaucoup de temps lors de la première étape de montagne et derrière j’étais mieux, j’ai finalement terminé douzième. J’espère faire mieux cette année.

 

Pourquoi ne pas avoir plutôt choisi de disputer le Critérium du Dauphiné ?

Je ne peux pas participer au Critérium du Dauphiné et réaliser mon stage d’altitude en même temps, c’est pourquoi je choisis le Tour de Suisse depuis plusieurs années. Je trouve ça bien puisque cela me permet de faire un gros break entre Liège et le Tour de Suisse. J’en ai profité pour passer du temps à la maison et c’est très important pour moi. Sur le Tour de Suisse, il y a également moins de pression, je peux me préparer plus tranquillement

 

On imagine qu’après le Tour de Suisse, vous enchaînerez par les Championnats de France…

Oui, les Championnats de France c’est vraiment mon « Dada ». J’aime courir sur un circuit, j’apprécie cette course. Cette année, la course offre un circuit sélectif, ce serait bien d'y faire un bon résultat, j’espère que ça va le faire. Ce serait exceptionnel de porter le maillot tricolore sur le Tour de France.

 

Justement, après avoir terminé en quatorzième position l’an passé lors de votre première participation, quel sera votre objectif cette année sur le Tour de France ?

J’ai l’ambition d’aller chercher le maillot blanc sur le Tour. Et pourquoi ne pas aller chercher une étape également ? J’ai déjà gagné deux étapes sur le Tour d’Espagne mais tout le monde les a oubliées. Gagner sur le Tour de France, tout le monde s’en rappellera.

 

Votre formation a récemment annoncé la participation de Tom Dumoulin sur cette 103^e édition, mais lequel de vous deux sera le leader de l’équipe ?

Tom sera là pour m’épauler. Il veut faire quelque chose de bien à Rio, il se concentre sur cet objectif. Je serais le leader sur le Tour.

 

Les Jeux Olympiques de Rio c’est également un objectif pour vous ?

J’espère vraiment être sélectionné pour les Jeux. C’est un circuit qui convient bien à mon tempérament d’attaquant. Après la dernière bosse, il y a une descente avant l’arrivée qui sera jouera sans doute au sprint et j’ai une bonne pointe de vitesse, j’ai appris ça depuis que je suis dans l’équipe. L’an dernier, Thibaut (Pinot), Romain (Bardet), Tony (Gallopin), Alexis (Vuillermoz) et moi-même nous avons participé à la course pré-olympique. J’espère que cela sera à peu près le même groupe sélectionné cet été.

 

Enfin, que vous manque t-il pour décrocher une grande victoire ?

Si cela continue ainsi, d’ici deux ou trois ans, j’espère pouvoir accrocher un podium et pourquoi ne pas finaliser ? Il ne me manque pas grand chose, cela se joue sur des détails. Alors j’espère qu’un jour tous les détails seront de mon côté pour remporter une Classique. Celle qui me fait le plus rêver est Liège-Bastogne-Liège. Mais mon plus beau rêve serait d’être champion du monde. C’est mon objectif premier !

 

Propos recueillis par Sébastien Gobbi pour Cyclism’Actu

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