ITW - P. Mauduit : «Avec Bjarne Riis, c'était tolérance zéro»
Par Sam MYON le 27/03/2015 à 07:26
Vidéo - Tour de France 2014 - Philippe Mauduit savoure
Philippe Mauduit a changé d'air à l'intersaison passant de l'équipe Tinkoff-Saxo à Lampre-Merida. Après 3 années passées au sein de la formation russe, le directeur sportif français est en pleine réussite avec sa nouvelle aventure. Davide Cimolai et Niccolo Bonifazio se sont révélés comme de grands espoirs du sprint et Rafael Valls a brillé dès que la route s'élevait. Il nous donne donc son sentiment sur le bon début de saison de la Lampre, les ambitions de son équipe pour les courses à venir et nous parle aussi de l'homme Bjarne Riis qu'il a cotoyé chez Tinkoff-Saxo qui vient d'être mis à pied par Oleg Tinkov.
Philippe, vous qui le connaissez bien après avoir dirigé 3 ans à ses côtés chez Saxo-Bank et Tinkoff, pouvez-vous nous dire un petit mot sur la personne qu'est Bjarne Riis ?
Pour moi, dans ma vie de directeur sportif Bjarne a été le meilleur manager que j'ai cotoyé. Il n'est pas comme les médias le décrivent, on fait trop souvent référence au passé quand on parle de Riis. J'ai passé trois années formidables à ses côtés, avec lui c'était tolérance zéro. Il rappelait tout le monde pour respecter les règles et les plans de l'équipe, aussi bien les coureurs que les directeurs sportifs. L'équipe Tinkoff-Saxo était celle qui recevait le moins d'amende de la part de l'UCI pour les poussées des coureurs, accrochages voitures, passages de bidons et autres. Et c'est grâce à Riis, qui gérait tout ça. C'est quelqu'un de bien, très rigoureux. Lui ne peut pas oublier son passé mais malheureusement on oublie tout ce qu'il a pu faire de bien après avoir avoué ses erreurs. Pour rappel, c'est lui qui a financé pendant plusieurs années la lutte antidopage dans son équipe avant que ça ne soit généralisé à toutes les équipes.
Vous avez quitté l'équipe Tinkoff à l'intersaison pour rejoindre la formation Lampre-Merida, la pression est-elle différente en terme de résultats ?
Oui c'est différent. Quand j'ai rejoint Saxo en 2011, on était en reconstruction. Certains coureurs étaient partis rejoindre Léopard Trek et il fallait un peu tout refaire. Nous n'avions pas la pression du résultat, le patron de la société Saxo nous a laissé faire. L'arrivée de Tinkov a changé l'état d'esprit car Oleg est quelqu'un qui veut gagner à tout prix. Avec Lampre c'est autre chose, l'équipe a une grande histoire depuis 25 ans. Le partenaire est le même, c'est une histoire familiale. Il n'y a pas de pression, il faut faire du mieux possible avec nos moyens.
Valls vainqueur à Oman, Bonifazio et Cimolai qui sont les grandes révélations du sprint. Quel bilan tirez-vous de ce début de saison que réalise Lampre ?
C'est forcément un bon bilan, surtout après 2 mois de compétition. Maintenant, il faut garder les pieds sur terre car les résultats sportifs ne sont jamais dictés par avance. Jusqu'à présent en tout cas, ça c'est très bien passé mais il ne faut pas perdre de vue les objectifs qui sont les nôtres.
Justement, à court et moyen terme quels sont vos objectifs ?
Chaque course est un objectif. Evidemment on espère être présent sur les Ardennaises et marquer des points sur le Tour de Romandie. Pour les courses belges qui arrivent (Harelbeke et Gand-Wevelgem), on va miser sur Pippo (Pozzato). Nos jeunes, Niccolo (Bonifazio) et Davide (Cimolai) manquent encore d'expérience sur ces courses. Quant à Pozzato, il a l'habitude de jouer les premiers rôles sur les flandriennes. Il s'est d'ailleurs déjà imposé à Harelbeke (2009).
Et pour le Tour de France ?
Il faut être réaliste, pour la victoire le quatuor Contador, Froome, Nibali et Quintana est au-dessus. Il va falloir composer avec les stratégies des autres équipes, surprendre mais comme tous les ans sur le Tour ça dépendra des évènements et du déroulement de la course. Objectivement, on peut ambitionner une place entre 5 et 7.
Un dernier petit mot concernant l'état de santé de Rui Costa, votre leader après sa chute sur Milan-San Remo ?
Il va bien, pas de gros bobos. D'ailleurs il a roulé dès le lendemain de sa chute. Il va revenir rapidement.
Propos recueillis pour Cyclism'Actu par Sam Myon.