ITW - Moncoutié : «Démare 1er, Bouhanni doit avoir la rage»
Par Valentin GLO le 19/03/2016 à 20:58
Vidéo - Milan-San Remo 2016 - La victoire d'Arnaud Démare en vidéo
Arnaud Démare (FDJ) a donc fait sensation ce samedi 19 mars en remportant la 107e édition de Milan-San Remo. le coureur français a devancé Ben Swift (Team Sky) et Jürgen Roelandts (Lotto Soudal). Cette performance n'avait plus été réalisée par un Français depuis Laurent Jalabert en 1995. David Moncoutié revient sur cette victoire dans sa nouvelle chronique pour Cyclism'Actu.
"Démare, le profil idéal pour Milan-San Remo"
C'est une très grosse victoire pour Démare, toutes les victoires n'ont pas la même valeur. On peut dire que c'est une surprise. On n'attendait pas une victoire d'un Français sur Milan-San Remo. Cela n'était pas arrivé depuis Laurent Jalabert en 1995, autrement dit un certain moment ! Démare avait montré sur Paris-Nice qu'il pouvait bien passer certaines bosses, comme Bouhanni, et qu'il avait une bonne pointe de vitesse. Il avait le profil idéal d'un vainqueur de Milan-San Remo mais il y avait de sacrés concurrents face à lui.
Pour gagner Milan-San Remo, il faut avoir le placement, prendre la bonne vague. Il possède ces qualités. C'est un grand moment pour le cyclisme français. Surtout que Bouhanni jouait également la gagne, mais il a eu un souci (NDLR : un saut de chaîne). On savait depuis quelques années que les Français revenaient sur le devant de la scène, on l'a vu sur le Tour de France avec Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot et sur les Ardennaises avec Julian Alaphilippe. Ils n'ont plus de complexe, ça se confirme. Ils passent encore un palier supplémentaire.
"Démare peut être très fort sur une journée"
C'est un nouveau palier pour lui, pour gagner une classique il faut pouvoir tenir la distance sur une journée. Il l'avait déjà fait sur les championnats du Monde Espoirs 2011 et sur la Vattenfall Cyclassics 2012. Il peut être très fort sur un jour. Gagner Paris-Roubaix serait encore un palier supplémentaire. Milan-San Remo se joue avec une petite masse de coureurs, un spectre plus large qu'à Roubaix. On a vu des Gerald Ciolek ou des Matthew Goss gagner à San Remo par le passé. Pour Roubaix, il n'y a pas que le placement qui compte, il faut pouvoir enchaîner les pavés.
Il faut attendre pour savoir s'il sera dans la lignée des Ciolek ou des Degenkolb, mais cette victoire va le mettre en confiance. C'est sa deuxième classique mais Milan-San Remo est au-dessus de la Classique de Hambourg.
"Bouhanni a répondu présent"
Bouhanni a répondu présent, et il peut gagner sans ce souci mécanique dans les derniers mètres. On n'attendait pas la victoire de Démare, mais il gagne une étape de Paris-Nice en costaud. Il avait montré qu'il démarrait la saison sur de bons rails. Il doit avoir un peu de jalousie chez Nacer Bouhanni. Des fois, ça ne se joue pas à grand-chose. Gagner Milan-San Remo, qui était son grand objectif, ne se présente pas tous les jours. C'est un désaveu après son départ de la FDJ de voir Démare gagner la Primavera. Il doit avoir un peu la rage.
C'était impossible de voir un Français gagner Milan-San Remo à mon époque, ça montre que le cyclisme français est sur la bonne voie. C'est une belle surprise. Espérons qu'ils continuent sur cette lancée sur les Ardennaises et, bien sûr, le grand rendez-vous du Tour de France. Il faudra voir par rapport aux tous meilleurs.
Propos recueillis par Valentin GLO pour Cyclism'Actu.