ITW / Le Mag - Mathieu Burgaudeau : «Faire une saison pleine en 2023»

Par Clément LABAT-GEST le 18/12/2022 à 15:38

ITW / Le Mag - Mathieu Burgaudeau : «Faire une saison pleine en 2023»
Photo : @Sirotti / @Cyclismactu

Il y a un an, le pensionnaire du Team TotalEnergies avait exprimé son envie de lever les bras au micro de Cyclism'Actu : "De toute façon, j'ai envie de gagner et n'importe quelle course ça m'irait très bien !" Au moment de faire le bilan de son année 2022, on peut logiquement dire que Mathieu Burgaudeau a réalisé son objectif, voire mieux. Le natif de Noirmoutier-en-Île a ainsi levé les bras lors d'une épreuve World Tour, à l'occasion de Paris-Nice, en mars dernier, où il a fait l'étalage de son talent et de sa classe. Pour le reste, le coureur de 23 ans - qui aurait même pu lever à nouveau les bras lors du Tour du Doubs (2e) - n'a pas été épargné par la malchance avec plusieurs chutes et blessures (clavicule et omoplate fracturées en mars dernier après une chute lors de la Classic Loire Atlantique, par exemple). Entretien.

Vidéo - Burgaudeau : "Il n'y a plus qu'à faire mieux en 2023"

 

"Mon succès sur Paris-Nice est un déclic pour les années à venir"

Mathieu, que retenez-vous de cette saison 2022 ?

Il y a eu du bon et aussi du moins bon, mais globalement c'est dur de prendre le bon côté sans parler des choses qui n'ont pas fonctionné. J'ai eu plusieurs problèmes au niveau physique. Cela a bien gâché ma saison et je pense que sans ça, j'aurais pu faire une saison solide. Dans l'ensemble, je réalise une belle saison. Dès que j'étais à mon niveau, j'étais en mesure de jouer la gagne ou du moins je n'en étais pas très loin, et ça c'est positif pour la suite. J'ai gagné une belle victoire sur Paris-Nice [le 11 mars dernier], mais j'aurais aimé faire mieux... Mon succès sur Paris-Nice est un déclic pour les années à venir. Cela m'a fait vraiment du bien moralement d'avoir enfin lever les bras sur une course professionnelle.

Maintenant, je sais que je suis capable de le faire et sur n'importe quelle course. En fin de saison, je n'étais pas loin de remporter une autre épreuve [2e du Tour du Doubs, un podium sur une étape de l'Arctic Race of Norway...]. Ce qui ternit un peu mon bilan, ce sont mes nombreuses chutes. Chaque fois que j'étais en forme, j'étais victime d'une grosse chute [clavicule et omoplate fracturées en mars dernier après une chute lors de la Classic Loire Atlantique, par exemple]. Je n'ai notamment pas pu surfer sur ma dynamique après Paris-Nice. C'est un peu décevant. Cela s'est reproduit en juin où je suis tombé sur la course en ligne des championnats de France. Je suis arrivé sur le Tour de France en n'étant pas à 100%. C'est vraiment ça qui m'a perturbé cette année parce qu'il y avait moyen de réaliser de belles choses.

 

"Tout le collectif TotalEnergies a performé"

Et le bilan de votre équipe Team TotalEnergies ?

Dans l'ensemble, on a vraiment fait une bonne saison avec des résultats dès le début de la saison et une régularité dans nos performances au fil des mois [la formation TotalEnergies a remporté 15 victoires en 2022, soit 9 de plus qu'en 2021]. Ce qui a été intéressant en 2022, c'est vraiment tout le collectif qui a performé. C'est une bonne chose car ça a donné une dynamique positive à l'ensemble du groupe et ce dès le début de la saison avec les victoires que l'on a obtenues. Après ce bon début de saison, l'équipe a bien marché au fil des mois et des courses. Il y avait toujours un coureur de l'équipe pour décrocher un résultat. C'est vraiment bien et on n'a plus qu'à faire la même chose en 2023, voire mieux.

 

"Peter Sagan se trompe rarement dans ses paroles"

Qu'est-ce qu'a apporté l'arrivée de Peter Sagan ?

En 2022, il y a eu la venue de Peter dans notre effectif. Il nous a apporté du professionnalisme et des petits trucs en plus qui peuvent nous servir notamment durant une épreuve. Il y a également eu l'arrivée d'un très bon matériel. Peter a donné une bonne impulsion à l'équipe. Ce n'est pas quelqu'un qui parle beaucoup. C'est pour ça que quand il parle, on a envie de l'écouter parce qu'il ne va pas dire des conneries. Il ne va pas parler pour rien et il se trompe rarement dans ses paroles, du coup on l'écoute à fond. C'est vraiment intéressant d'écouter ce qu'il dit, de prendre ses conseils... C'est très enrichissant de l'avoir dans l'équipe et je pense que ça fait encore plus progresser.

 

"Je me fixe des objectifs élevés et j'aime bien avoir des responsabilités"

L'équipe compte de plus en plus sur moi. Cela me plaît parce que je me fixe des objectifs élevés et j'aime bien avoir des responsabilités. L'équipe demeure contente de moi dans l'ensemble. Il n'y a plus qu'à faire mieux en 2023. On n'a pas vraiment un bilan de la saison 2022. Là, on a un peu coupé avec les vacances. On a oublié le vélo pendant un mois, le temps de couper avec tout ça, pour bien décompresser de la saison qui vient de se terminer. On fera un petit point au mois de décembre au premier rassemblement de l'équipe pour mieux repartir en vue de la saison prochaine.

 

"Pogacar, Evenepoel... il y a des gros clients pour les coureurs de mon âge"

Que pensez-vous de Pogacar et Evenepoel, qui ont le même âge que vous, quasi ?

Tadej Pogacar, c'est ma génération, il a le même âge que moi (23 ans). J'ai fait toutes les courses juniors et espoirs avec lui, donc je le connais très bien. C'est vrai que Tadej a explosé dès sa première année professionnelle. Il a été très fort d'entrée de jeu. C'est un cador, il a une classe et un talent naturel. Cela lui a permis de passer les échelons très rapidement. Pareil pour Remco Evenepoel, peut-être bien en pire. Il a eu une grosse blessure en 2020 qui a freiné un peu sa carrière mais oui... il y a des gros clients pour les coureurs de ma génération (rires). Mais c'est bien, on se dit que peu importe l'âge, on peut tout de suite être devant.

Ça challenge pour la suite et ça donne envie d'être encore plus fort pour pouvoir les concurrencer sur certaines courses. De toute façon, il n'y a plus de petites épreuves, que ce soit en World Tour ou dans les autres catégories. C'est vrai que ça roule à fond toute la journée et il faut se battre pour faire partie de l'échappée. Le niveau moyen du peloton s'est élevé au fil des ans, je le constate depuis mon passage chez les professionnels (stagiaire en 2017, mais première année complète chez les pros en 2019). Les anciens disent la même chose d'ailleurs. Cela est notamment dû aux progrès technologiques... La moyenne du Tour de France a par exemple été battue cette année, ce qui montre que les choses s'accélèrent. Pour avoir des résultats, il ne faut pas seulement être bon, ce qui fait que c'est très dur d'obtenir des succès.

 

"Le Tour de France 2023 ? J'ai envie de le faire, mais j'ai surtout envie d'y être performant"

Le parcours du Tour de France 2023, il vous plait ?

Le parcours est plutôt intéressant même s'il est très très dur. J'aime bien le départ car j'affectionne le Pays basque et ses routes. Je trouve ça super qu'il y ait trois étapes dans cette région. Globalement, c'est un Tour de France très difficile avec l'ensemble des massifs français, il y aura plusieurs étapes dans le massif central. Cela va être un beau Tour de France. Est-ce que j'ai envie de participer à cette nouvelle édition ? Bien sûr, j'ai envie de faire le Tour [Mathieu Burgaudeau a déjà pris le départ de deux Tour de France], mais j'ai surtout envie d'y être performant. J'ai envie d'être à 100% pour enfin pouvoir m'exprimer pleinement, pas comme cette année où j'ai chuté au bout d'une semaine."

 

"En 2023, j'ai surtout envie de faire une saison pleine..."

Et vos objectifs pour l'année prochaine ?

Je n'ai pas encore cadré mes objectifs pour la saison 2023. Je reprends vraiment en mode plaisir, sans avoir un programme précis au niveau de l'entraînement. Je laisse parler mes sensations durant ce mois de novembre. Je ferai un point sur mes objectifs en décembre. L'an prochain, j'ai surtout envie de faire une saison pleine, sans avoir des blessures récurrentes, pour pouvoir m'exprimer à 100% du 1er janvier au mois d'octobre. Je pense que si je n'ai pas de blessures, j'ai les moyens de réaliser une bonne saison. Concernant les courses, j'ai bien sûr envie de faire Tour de France, mais on verra, il y a également d'autres courses que le Tour durant une saison...

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