INTERVIEW - Valentin Paret-Peintre : «Evenepoel ? On ne s'est pas trop vus...»

Auteur d'un très bon début de saison en Oman - avec la Muscat Classic, où il a terminé à la 6e place, et le Tour d'Oman, où il a achevé la course à une prometteuse 2e place au classement général derrière le Britannique Adam Yates (UAE Team Emirates-XRG), qu'il a d’ailleurs battu au sommet de Green Mountain - le transfuge de Decathlon AG2R La Mondiale à la formation Soudal Quick-Step, Valentin Paret-Peintre, a livré une interview à Cyclism'Actu. Dans cet entretien, le coureur de 23 ans revient sur son début de saison impressionnant, son intégration au sein de la formation Soudal Quick-Step, sa relation avec Mikel Landa et Remco Evenepoel, le rôle de Patrick Lefevere au sein de l'équipe belge, son désir de gagner une étape sur les trois Grands Tours, ainsi que son prochain objectif de la saison à savoir la Faun Drôme Classic (2 mars), où il sera notamment opposé à son frère Aurélien Paret-Peintre.
Vidéo - L'interview de Valentin Paret-Peintre par Cyclism'Actu
Lire la suite de l'article
"Battre Adam Yates ? Je ne m'y attendais pas trop..."
Comment allez-vous après ce très bon début de saison en Oman ? Et comment vont les jambes à la veille de ces classiques Drôme-Ardèche ?
Bonjour à tous, merci pour l'invitation. Ça va bien, je suis déjà sur place en Ardèche ou dans la Drôme (rires). Les jambes sont bonnes après le Tour d'Oman. J'ai fait une petite période de repos et j'ai aussi eu le temps de faire une bonne semaine et demie d'entraînement, donc je me sens prêt pour ce week-end.
Il y a quelques semaines, vous avez débuté votre saison en Oman avec la Muscat Classic où vous avez terminé 6e et le Tour d'Oman où vous avez terminé 2e du classement général derrière le Britannique Adam Yates, que vous avez d’ailleurs battu au sommet de Green Mountain. Comment expliquez-vous ce début de saison impressionnant de votre part ? Et est-ce que vous vous y attendiez ?
C'est vrai que c'était un bon début de saison. C'était ma première fois au Tour d'Oman, et j'ai vraiment pris du plaisir sur la course. Je savais que j'avais de bonnes sensations. On a fait deux stages avec Soudal Quick-Step au mois de janvier, ce qui nous a permis d'avoir quasiment 20 jours d'entraînement cumulés en Espagne. Je savais que la condition était bonne et que je pouvais m'attendre à un bon résultat. Après, de là à battre Adam Yates sur la dernière étape, je ne m'y attendais pas trop, mais je me suis senti bien et ça l’a fait.
Certains coureurs, quand ils changent d'équipe (comme c'est votre cas), ont besoin d'un temps d'adaptation avant de performer. Vous, on a l'impression que c'est tout le contraire. Qu'est-ce qui change quand on passe de Decathlon AG2R à Soudal Quick-Step ?
Je me suis plutôt bien adapté à l'équipe. Il y a aussi une super ambiance dans l’équipe, ils m'ont tout de suite mis à l'aise. J'ai immédiatement senti que j'étais bien intégré. Je me suis tout de suite senti vraiment bien. Je pense que c'est important, même avant de commencer à travailler, pendant les stages d'entraînement, de déjà se sentir bien dans un groupe et d'avoir envie de partir avec lui. Et ça a été très vite le cas, même plus rapidement que ce que je pensais. Je n'avais pas trop de doutes car j'arrive toujours à bien m'intégrer, mais là, c'est sûr que je pensais que ça allait prendre un ou deux mois après les stages de pré-saison pour que tout aille bien. Mais dès la fin du stage de décembre, je me sentais déjà vraiment très bien. Et en janvier, ça s'est confirmé. C'était vraiment rapide comme adaptation, et je me sens déjà super bien.
"Avec Mikel Landa on a déjà crée une petite relation..."
Il y a quelques semaines, vous avez dit à nos confrères de L'Équipe que, "bien sûr, il y a Remco Evenepoel, mais que quelqu'un comme Mikel Landa vous a convaincu de rejoindre Soudal Quick-Step. Avec Mikel Landa, vous allez beaucoup apprendre et cela a pesé dans votre décision." Votre programme est en plus en corrélation avec celui de Mikel Landa plus qu'avec celui de Remco Evenepoel. Est-ce un choix ?
Oui, c'est sûr qu'en rejoignant l'équipe, j'ai beaucoup pensé à la présence de Mikel Landa. Quand j'ai fait des visios avec l’équipe, on en a aussi beaucoup parlé du fait que Mikel Landa soit là et qu'il partage beaucoup son expérience. Ça a beaucoup joué dans ma décision. Ensuite, sur le planning, je n'ai pas eu trop de "pouvoir de décision", mais ça me va très bien de me retrouver avec Mikel Landa. J'étais en chambre avec lui lors du stage en décembre. On s'entend très bien. Il y a déjà une petite "relation", si on peut dire, qui s'est créée. On s'envoie des messages, tout va bien. Je pense qu'avec son expérience, je peux beaucoup apprendre à ses côtés.
Vous avez déjà parlé à Remco Evenepoel par message ?
On ne s'est pas trop vus car il n'était pas là lors du stage de décembre ni de celui de janvier. On avait fait un stage un peu administratif en octobre. On s'était rencontrés, on avait un peu parlé, mais depuis, on ne s'est pas trop parlé.
Avec vos récents résultats, est-ce que vous pouvez prétendre à un rôle de leadership, je pense par exemple au Tour d'Italie, ou est-ce que ce sera exclusivement pour Mikel Landa ?
Non, ce n'est pas le but. En tout cas, ce n'est pas forcément l'envie que j'ai de supporter toute la pression de l'équipe sur une course de trois semaines. Pour le Giro et les courses à venir comme Tirreno ou le Tour de Catalogne, ce sera vraiment autour de Mikel. Après, ça n'empêche pas que si je sens que j'ai une bonne forme, je ne vais pas me relever à trois kilomètres parce que j'ai fini mon travail avec Mikel. Je peux très bien continuer et aller chercher aussi un bon classement général pour moi, même si ce n'est pas du tout la priorité. La priorité, c’est vraiment d’être avec Mikel et de faire le travail pour lui.
Raise your hand if you too are excited about the Opening Weekend ? pic.twitter.com/Nk6BussOM2
— Soudal Quick-Step Pro Cycling Team (@soudalquickstep) February 28, 2025
"Je veux gagner sur les 3 Grands Tours..."
Patrick Lefevere a quitté sa fonction de PDG de la formation Soudal Quick-Step en décembre dernier. Malgré cela, est-ce que vous, en tant que coureur, vous savez s'il a toujours un rôle dans cette équipe ?
Non, c'est sûr qu'il ne travaille plus pour l'équipe. Cependant, il est toujours très proche de l'équipe. On l'a souvent vu et il nous envoie toujours des messages. J’ai toujours des contacts avec lui. Il ne travaille plus directement, mais il reste très proche de l'équipe.
Quels sont vos objectifs à moyen et long terme, notamment en ce qui concerne une course que vous aimeriez absolument gagner dans votre carrière ?
Un des gros objectifs que j'ai actuellement, c'est de gagner une épreuve sur chaque Grand Tour. J'ai déjà gagné sur le Giro. Maintenant, la Vuelta et le Tour de France sont les plus difficiles. C'est vraiment un objectif que j'ai dans ma carrière. Après, il est difficile de fixer des objectifs de carrière dès maintenant, car chaque année, j’évolue beaucoup, et je ne sais pas vraiment où cela me mènera. Je ne veux surtout pas me limiter en disant que je ne veux pas faire de classement général ou que je ne veux faire que des classements généraux. Pour l'instant, je ne sais pas trop ce que je vais faire dans les prochaines années, mais c’est sûr que l'objectif de gagner des étapes sur les trois Grands Tours reste une ambition.
Parlons du week-end qui se profile en Drôme et en Ardèche. Quel sera votre rôle au sein de la formation Soudal Quick-Step ?
Je pense que j'aurai un rôle plutôt protégé. Après, nous avons aussi une bonne carte avec Ilan Van Wilder sur ces deux courses. On verra comment ça se passe. Je pense que la course de demain, samedi, me convient vraiment bien, plus que celle du dimanche. Je me sentais bien à l'entraînement, et je pense que je peux obtenir un bon résultat demain. Je suis quand même assez ambitieux.
Votre frère Aurélien Paret-Peintre participe également à la Faun Ardèche Classic, mais pas à la Faun Drôme Classic. Vous allez être pour la première fois adversaires cette saison. Est-ce que vous en avez parlé avec lui récemment ?
Non, mais on n’a pas trop parlé de ça. C'est vrai que ça va être la première fois de notre vie qu'on va être en confrontation. Après, je ne pense pas que ça change grand-chose, ni pour lui ni pour moi. On va faire notre course comme on l'a décidé avec nos équipes respectives. Même si on garde un œil l’un sur l’autre, on ne va pas forcément se courir après, ni se laisser des espaces. Il sera un adversaire comme un autre. Mais dans tous les cas, on m'a souvent posé la question : "Si un jour il faut que tu roules contre lui, est-ce que tu le feras ?" Oui (rires), oui bien sûr, parce que ce sont les objectifs de l'équipe. Si mon employeur me demande de le faire, je le ferai. Lui aussi le ferait sans problème.