Route - Jean-René Bernaudeau : «Les cétones... pas bon pour le cyclisme»
C'est un dossier qui commence à s'installer dans les débats récurrents qui surviennent dans le monde du cyclisme... Les cétones, un complément alimentaire de plus en plus répandu dans le peloton depuis quelques années, devraient-elles être interdites par des instances comme l'Union Cycliste Internationale (UCI) ou l'Agence Mondiale Antidopage ? Des coureurs s'étaient déjà exprimés sur la question, à l'image de Romain Bardet (Team dsm-firmenich PostNL) ou de Nairo Quintana (Movistar Team), et des organisations comme le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) appellent à leur régulation, mais l'usage de ces produits restent pour le moment autorisés. Le nouveau partenariat établi entre l'équipe Alpecin-Deceuninck et une marque fabriquant des produits nutritionnels à base de cétones relance le débat et prouve leur démocratisation dans le peloton. Un sujet clivant sur lequel Jean-René Bernaudeau, manager général du Team TotalEnergies, s'est exprimé auprès de Cyclingnews lors du stage d'entraînement de l'équipe en Espagne. "Les cétones représentent une zone grise dans le cyclisme. Cela n'est pas bon pour la crédibilité et l'attractivité de notre sport", a-t-il déclaré, arguant pour de plus franches décisions de la part de l'UCI.
Vidéo - Jean-René Bernaudeau au micro de Cyclism'Actu fin 2023
We are excited to announce our partnership with @deltaGKetones, starting from January 1st, 2024.
— Alpecin-Deceuninck Cycling Team (@AlpecinDCK) December 20, 2023
📖 Read more on our website on how #deltaG will play a pivotal role in @alpecindeceuninck’s nutritional and medical strategy.
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Une question de crédibilité pour un cyclisme déjà fragile
"Les cétones représentent une zone grise dans le cyclisme. Cela n'est pas bon pour la crédibilité et l'attractivité de notre sport. Tout le monde sait que les cétones sont utilisées par plusieurs équipes, mais personne ne sait ce qu'elles sont vraiment. C'est ironique. Les équipes qui disent prendre des cétones prétendent qu'elles n'améliorent pas leurs performances. Alors pourquoi en prennent-elles ?", a interrogé Jean-René Berneadeau, dont l'équipe fait partie du MPCC depuis l'année 2007. Le dossier des cétones est important pour le manager français, raison pour laquelle il pousse l'UCI à agir plus fermement sur cette question : "L'UCI n'agit pas en tant qu'organe directeur, elle devrait suivre les recommandations du MPCC. Le MPCC a poussé l'UCI à interdire le Tramadol. C'est désormais le bon moment pour résoudre l'affaire des cétones", a-t-il assuré.
L'UCI s'est peu exprimée au sujet de l'utilisation des cétones pour améliorer les performances des coureurs : seule une notice d'information, publiée en 2021, appellait les équipes et leurs athlètes à ne pas utiliser cette substance, sans pour autant aller jusqu'à son bannissement. Même constat du côté de l'Agence Mondiale Antidopage, qui n'interdit pas les cétones. L'usage de ce produit dans le cadre des performances sportives et ses conséquences font l'objet d'une étude commandée par l'UCI, dont le rapport final devait être rendu fin 2023, mais a été repoussé. On a bien là une zone de flou grandissante dans le monde du cyclisme : les cétones ont-elles réellement un impact sur les résultats sportifs des coureurs ? Peuvent-elles provoquer des conséquences néfastes sur leur santé ? Des questions encore sans réponses.
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— MPCC (@MPCC_Cycling) October 24, 2023
Communiqué de presse du MPCC, suite à son Assemblée Générale
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Jean-René Bernaudeau s'inquiète du possible ternissement de l'image du cyclisme à cause de ce débat. C'est notamment du côté des sponsors qu'il a exprimé son inquiétude : face à des équipes très dépendantes de leurs financements, dont la fragilité a été prouvée par le feuilleton autour de l'équipe Visma-Lease a bike fin 2023, l'heure est selon lui à la régulation de l'utilisation des cétones. "Je rencontre de nombreux PDG préoccupés par les cétones, des PDG d'entreprises très, très importantes en Asie, qui sont très stricts en matière de règles, d'éthique et de transparence.Le cyclisme a le potentiel pour devenir le sport numéro un dans le monde, mais il n'a pas de véritables sponsors mondiaux", a expliqué le dirigeant du Team TotalEnergies.
Faisant allusion aux difficultés rencontrées par Visma-Lease a bike pour trouver un sponsor remplaçant la marque Jumbo, malgré un palmarès on ne peut plus fourni, Bernaudeau a rappelé l'importance des marques sponsorisant les équipes du peloton, et le rôle qu'elles pourraient jouer dans l'interdiction des cétones : "Je regrette qu'ils ne puissent pas trouver de plus gros sponsors. Je n'ai rien contre eux, j'aimerais simplement que la plus grande équipe ait les plus gros sponsors.TotalEnergies a fait son entrée dans le cyclisme en rachetant mon ancien sponsor Direct Energie en 2019. Je me sens très responsable vis-à-vis d'eux. Le conseil d'administration est très sensible aux questions d'éthique et c'est bien d'avoir des sponsors avec des valeurs fortes. Ils ont le pouvoir de dire à leurs directeurs d'équipe et à leurs coureurs d'arrêter d'utiliser des cétones", a-t-il conclu.