Chronique - Fayet : «Pogacar ? Syndrome Merckx ou Traumatisme Armstrong...»

Par Arthur DE SMEDT le 14/10/2024 à 16:40. Mis à jour le 15/10/2024 à 21:11.
Chronique - Fayet : «Pogacar ? Syndrome Merckx ou Traumatisme Armstrong...»
Chronique
Photo : @Cyclism'Actu / CyclismActu.net

Visiblement, vous avez aimé les billets d'humeur de Marc Fayet en 2023, alors on a remis ça pour 2024 ! Vous avez pu le découvrir et le lire sur Cyclism'Actu, avec sa chronique ou plutôt sa rubrique "Les carnets secrets", avec un nouvel épisode qui revient sur les suspicions de dopage qui entourent les performances et la domination de Tadej Pogacar lors d'une saison 2024 historique. Pour rappel, Marc Fayet, né en 1961, est un homme du théâtre et de la scène. Acteur et metteur en scène, mais aussi passionné de vélo, Marc s'est toujours investi : il écrit, commente, agit autant qu'il le peut dans le cyclisme, notamment sur le Tour du Finistère dont il est aujourd'hui et depuis 2021, le président du comité d'organisationMarc Fayet et "ses" carnets secrets, c'est désormais à retrouver régulièrement sur Cyclism'Actu.

Vidéo - Tadej Pogacar encore invincible sur le Tour de Lombardie

 

« Syndrome du Merckxisme » et «Traumatisme Armstronguien »

Toutes les études comportementales, psychosociologiques et neurologiques le confirmeront, le spectateur cycliste est un éternel insatisfait. La raison de cet état est maintenant connue, elle est le fait de l’association de deux graves pathologies l’une appelée « Syndrome du Merckxisme » et l’autre baptisée «Traumatisme Armstronguien ». Le premier nommé, hérité de l’époque où sévissait au siècle dernier un célèbre cannibale qui ne laissait que quelques miettes d’épreuves à ses adversaires (Surtout celles auxquelles il ne participait pas) et le deuxième, successif au règne sans partage d’un sérial tricheur Américain ayant réussi à abuser son monde durant une quinzaine de saisons.

De ces deux époques est née tout d’abord chez les reporters-rapporteurs une prose basée sur l’expression d’une lassitude à devoir relater jours après jours, semaines après semaines et saisons après saison la même histoire à chaque fois débutant invariablement par « Soudain Merckx accéléra et lâcha ses derniers compagnons d’échappée ». On peut comprendre que l’homme de plume ayant sans cesse besoin de renouveler son écriture se soit trouvé parfaitement entravé une fois avoir épuisé tous les adjectifs, superlatifs possibles et surtout après avoir écrit toujours le même nom auquel ils étaient associés. Pour l’autre cas, il fut surtout issu du monde cycliste lui-même quand peu de coureurs, manageurs, suiveurs étaient dupes de l’extraordinaire imposture qu’avait instaurée cet authentique parrain ayant corrompu toutes les instances sportives et politiques mondiales.

 

Ces deux maladies nous empêchent de savourer comme il se doit l’avènement du plus grand champion cycliste au monde

Il semblerait donc qu’en 2024, ces deux maladies en sommeil surgissent tout à coup pour n’en faire qu’une seule et gagnerait l’ensemble de l’univers cycliste nous empêchant de savourer comme il se doit l’avènement du plus grand champion cycliste au monde. Il est vrai que le garçon qui sourit en pédalant, a une facilité déconcertante dans l’exercice de son sport qui ressemble bien plus à un jeu qu’à des enjeux. Il est vrai aussi que lorsqu’il décide de partir les journalistes ne peuvent faire autrement que reprendre la formule de leurs prédécesseurs du siècle dernier : « Soudain Pogacar accéléra et lâcha ses derniers compagnons d’échappée ». Que dire aussi de la suprématie d’une équipe montée avec des fonds Emiratis sur la base d’une ancienne équipe Italienne qui eut en son sein de nombreuses affaires peu reluisantes et dont le manager actuel passe pour être un des voyous les plus notables du sport cycliste ?

Il est vrai pour finir que le jeune Pogi est issu d’un tout petit pays assez loin de chez nous, dont on ne connaît pas vraiment la culture et les habitudes, avec comme seul atout favorable son opposition à la Russie belliqueuse et sa politique très axée sur l’écologie sublimée par la beauté exceptionnelle de sa nature. Rien ne nous empêche cependant d’apprécier l’extraordinaire spectacle de ce coureur génial, capable d’inspirations et d’aspirations folles, de chevauchées ahurissantes, de victoires fabuleuses, de rêves fantastiques. Quoi de plus beau qu’un coureur au style parfait, à l’élégance naturelle ? Quoi de plus admirable que ces monuments avalés, ces tours digérés, ces oppositions annihilées ?

 

Il y a du bon dans ce double syndrome... Chez celles et ceux qui se désintéressent du vélo !

Alors oui, il faut le reconnaître, nous n’en sommes réduits, comme tout un chacun, qu’à attendre le moment où il a décidé de partir seul, car on sait qu’il n’y a aucun doute sur sa stratégie qui en est une sans en être. Il appuie sur les pédales et « Au revoir ! » et une telle facilité interroge. La seule hypothèse, le seul pari qui mérite d’être pris et où il y a peut-être encore un peu d’argent à gagner, c’est sur le kilomètre exact où il va placer son accélération ; 30 kms ? 35 kms ? 42,23 kms ? Mais il faut reconnaître qu’il y a là encore quelques surprises car souvenez-vous ce fameux 29 septembre où, à l’heure où beaucoup débutaient à peine leur dej, Tadej était déjà parti à 100 kms de l’arrivée.

Mais il faut savoir que ce double syndrome maintenant accepté et intégré, aura des bienfaits insoupçonnables sur la vie d’un couple et c’est peut-être là sa plus belle vertu. Aussi je délivre confidentiellement ce conseil aux femmes de passionnés cyclistes victimes de cette maladie endémique : Si vous avez besoin de votre mari pour des travaux ménagers, quelques bricolages divers ou entretien du jardin, vous n’aurez qu’à lui présenter cette échéance « Dès que Pogacar accélère, tu me donnes un coup de main ! » et alors oui, dans ces conditions, vous verrez votre mari quitter son écran pour vous rejoindre assez rapidement et vous pourrez être certaines de l’avoir près de vous durant 2 ou 3 bonnes heures, lui accordant seulement une pause-café, celle où il ira voir le champion du monde seul, lever les bras et son vélo sur la ligne d’arrivée. Ainsi il y a du bon dans ce double syndrome qui va peut-être avoir un effet euphorisant… Chez celles et ceux qui se désintéressent du vélo !

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