Route - Cédric Vasseur : «On doit surtout faire avancer Cofidis en 2024»

Par Titouan LABOURIE le 13/11/2023 à 19:15. Mis à jour le 25/12/2023 à 11:50.
Route - Cédric Vasseur : «On doit surtout faire avancer Cofidis en 2024»
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Photo : @Cyclismactu / @TeamCOFIDIS

La formation Cofidis a réalisé une très belle saison 2023, marquée par les deux succès acquis sur le Tour de France, elle qui n'avait plus gagné sur la Grande Boucle depuis 2008... une éternité. Après cette année réussie, l'équipe française espère continuer sur cette lancée et effectuer une grande saison 2024. En plein préparatifs en vue de cette nouvelle mission, le manager général de la Cofidis, Cédric Vasseur, a accordé une interview à Cyclism'Actu. Au cours de ce long entretien, il est revenu sur de nombreux sujets. Le bilan de la saison 2023, le mercato agité avec le départ de Victor Lafay, les objectifs pour 2024 et bien d'autres. Et c'est à regarder ou à lire ci-dessous !

Vidéo - Cédric Vasseur fait le bilan... au micro de Cyclism'Actu !

 

"Beaucoup d'équipes aimeraient être à la place de Cofidis au moment de tirer les bilans"

Comment ça va et quelle est l'actualité du moment chez Cofidis ?

Ça va plutôt bien, on est content d'avoir terminé cette saison 2023, qui a été intense pour nous et pour tout le monde. Les coureurs sont encore, pour certains, en période de récupération et de vacances. Le staff souffle aussi un peu et on prépare déjà la prochaine saison, avec notre présentation d'équipe qui aura lieu le vendredi 8 décembre prochain et dans la foulée le premier stage en Espagne.

 

15e au classement UCI, seulement 14 victoires, mais avec des succès sur le Tour de France et sur La Vuelta. Quelle note vous attribueriez à votre équipe pour cette saison 2023 ?

Ce que je retiens de cette saison, c'est d'abord d'avoir réussi à renouer avec la victoire le Tour de France, ça a remis Cofidis sur le devant de la scène. C'est aussi une saison où Bryan Coquard a pour la première fois levé les bras en UCI WorldTour. Et on l'a conclu en beauté avec la victoire de Jesus Herrada sur La Vuelta. Si on regarde l'intensité des victoires, on n'a jamais connu pareille intensité depuis mon arrivée en 2018. On a eu 14 victoires, avec 9 coureurs différents, et en plus de ça il faut ajouter celles des équipes féminine et de handisport. S'il faut donner une note, je donnerais 8/10. Je ne peux pas donner plus, puisqu'on n'a pas eu 25 ou 40 victoires.

Mais quand on analyse aujourd'hui le circuit, il y a deux équipes, Jumbo-Visma et UAE Team Emirates, qui étouffent tout le reste du peloton. Quand on regarde La Vuelta, ça faisait une éternité qu'une équipe n'avait pas fait 1-2-3, reléguant les autres équipes au rang de cyclotouristes. Dans un contexte comme celui-là, ce n'est pas toujours facile de tirer son épingle du jeu. On a fait notre maximum, même si l'on a peut-être marqué un peu le pas après le Tour de France. Mais beaucoup d'équipes aimeraient être à la place de Cofidis au moment de tirer les bilans. Pour moi, c'est une saison charnière, elle concrétise toutes les années de travail et remet Cofidis sur le devant de la scène avec ces victoires sur le Tour de France.

 

"Une fois qu'on aura été chercher un Maillot Jaune et un Monument..."

Ces deux victoires sur le Tour de France, qu'est-ce que cela représente ?

Ça représente beaucoup, parce qu'il y a la catégorie de ceux qui gagnent sur le Tour de France et il y a les autres. On n'est pas regardé de la même façon. Quand on voit Victor Lafay faire la nique à Wout Van Aert et à Tadej Pogacar, c'est une image formidable. Il fallait l'audace, le culot et la force pour le faire, chapeau à lui. Et puis il y a eu cette chevauchée de plus de 30 kilomètres de Ion Izagirre, bien protégé par Guillaume Martin, ça a montré une solidarité au sein de l'équipe Cofidis. Et celle-là, on a pu la savourer, parce que la victoire de Victor était furtive, elle a duré 60 secondes, on y a cru qu'à 200 mètres de l'arrivée, celle de Ion était différente. On a senti pendant 30 kilomètres qu'il était en train de construire quelque chose de formidable.

 

Personnellement, est-ce qu'en tant que manager général, ces victoires ont enlevé un poids de vos épaules ?

Oui et non, parce que moi ça ne faisait pas 16 ans que j'attendais la victoire d'étape, je n'étais là que depuis 2018. Ça m'a pris 5 ans, 5 ans de travail acharné, pour y arriver. Je reste persuadé que d'avoir sélectionné Victor Lafay à la dernière minute, sans avoir contractualisé son avenir, c'est la clé de la réussite. C'était pareil quand il avait gagné sur le Giro, il avait une clause spéciale, s'il gagnait une étape son salaire n'étais plus le même. Victor est un coureur qui a besoin d'une carotte en permanence. On s'est dit "ok, si Victor gagne et qu'il signe dans une autre équipe, au moins il aura gagné avec le maillot de la Cofidis". Si Victor avait signé avant sa victoire sur le Tour de France, il n'aurait probablement pas eu cette rage. Mais personnellement, ma mission n'est pas finie, il y a encore plein d'autres victoires à aller chercher. Une fois qu'on aura été chercher un Maillot Jaune et un Monument, peut-être que je me dirais que je vais passer la main à quelqu'un d'autre.

 

 

"Derrière son clavier, c'est toujours facile de critiquer"

Victor Lafay ne sera plus chez vous en 2024, pourquoi vous n'avez pas réussi à le retenir ?

On a toujours eu des discussions très constructives avec Victor et son entourage. Évidemment on a bataillé pour le garder au sein de notre équipe, mais pas de façon déraisonnée. On a vu dans la presse des chiffres de 1,5 million par an, on n'a jamais proposé ça, parce que la valeur de Victor aujourd'hui n'est pas de 1,5 million. Il ne faut pas tomber dans une sorte de déraison, on a aussi vu en fin de saison qu'il avait un petit peu de mal. On lui a proposé un projet, mais je pense que Victor avait envie de changer d'air, et ça je peux le comprendre.

Le choix n'a pas été simple, puisque je pense que dans sa tête, avant le Tour de France, il avait tourné la page Cofidis, et puis il a vécu un Tour fantastique... Mais on s'est fixé une limite financière et c'est sans problème qu'on laisse un coureur partir. J'utilise la méthode Patrick Lefevere, quand il a un Elia Viviani au sommet de son art, il le vend à Cofidis et puis on voit ce que ça a donné chez nous, ce n'était pas terrible (rires).

 

Il y a eu 12 départs et 12 arrivées chez Cofidis lors de ce mercato, comment expliquer tous ces mouvements ?

Dans le cyclisme moderne, il faut s'habituer aux changements, les agents ont envie de faire bouger les lignes et les coureurs ont aussi envie de changer. Chez nous Jose Herrada, Wesley Kreder, Pierre-Luc Périchon et Jelle Wallays ont pris leur retraite, ça veut dire que ces quatre coureurs-là n'ont pas resigné dans une autre équipe, donc continuer avec des coureurs qui n'attirent pas d'autres équipes, ça aurait été une erreur pour Cofidis. Et on a eu tout une autre catégorie de coureurs qui nous ont déçus, comme Simone Consonni ou Davide Cimolai. Puis il y a aussi les coureurs qui ont été courtisés par d'autres formations, je pense notamment à Max Walscheid qui part chez Jayco AlUla, ça veut dire que c'est un coureur qui a marqué les esprits.

Je vois de temps en temps des internautes se manifester en disant "leur mercato n'est pas terrible, il fallait prendre lui...". Bien sûr si j'avais un budget non-limité j'essaierais d'aller chercher Mathieu van der Poel, Tadej Pogacar, Wout Van Aert, Jonas Vingegaard... sauf que ce n'est pas le cas. J'ai une enveloppe et j'essaye de faire avec. Et avec l'enveloppe dont je dispose aujourd'hui, on a fait les meilleures recrues possibles. Honnêtement, je suis vraiment fier de notre mercato, parce que ce sont peut-être des coureurs qui ne parlent pas à certains internautes, mais je leur donne rendez-vous fin 2024. Derrière son clavier, c'est toujours facile de critiquer.

 

Retrouver le récap' des Transferts Officiels 2023/2024 chez les Hommes en cliquant ICI

Retrouver le récap' des Transferts Officiels 2023/2024 chez les Femmes en cliquant ICI

 

"On doit faire plaisir à 30 coureurs, mais on doit surtout faire avancer Cofidis"

Maintenant, cap sur 2024, quel programme et quels objectifs pour cette saison ?

On est en train de travailler sur la feuille de route pour 2024. On a déjà une petite idée du calendrier des uns et des autres, maintenant il faut le mettre sur papier. On doit faire plaisir à 30 coureurs, mais on doit surtout faire avancer Cofidis. Pour Guillaume Martin, l'objectif sera d'enchaîner deux Grands Tours, probablement le Tour de France et La Vuelta. Et essayer de lui redonner de l'oxygène sur les courses d'un niveau un peu moindre, on sait qu'il est capable de gagner des courses comme le Tour de l'Ain. Pour Bryan Coquard, il devrait être notre sprinteur sur le Tour de France. Il a des envies de Giro, mais c'est vrai qu'enchaîner Giro-Tour c'est un risque, on voudrait le voir au départ du Tour d'Italie en 2024 ou en 2025. Mais avec le parcours Tour de France qui a été dévoilé, je pense qu'il aurait intérêt à ne disputer que le Tour en 2024 et peut-être le Giro en 2025.

 

Le classement UCI et la relégation, est-ce que c'est toujours dans vos esprits ?

Ce n'est pas une obsession. Évidemment, la nouvelle donne du cyclisme impose à toutes les équipes d'avoir un oeil régulier sur le classement. Notre objectif, c'est de rester en UCI WorldTour, mais comme je le dis à toutes mes équipes, tant que les résultats sont présents, on ne doit pas s'occuper du classement. Ce n'est pas notre priorité, ce que l'on cherche c'est avoir les meilleurs résultats et donc ça se répercute sur le classement. On ne court pas pour aller chercher des points UCI, c'est la pire des stratégies qu'on pourrait utiliser. En 2024 on aimerait bien finir avec 20 victoires, le maillot de Champion de France chez les hommes et chez les femmes, briller sur un Monument et surtout faire perdurer le succès sur les routes du Tour de France.

 

Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?

Ce qu'on peut nous souhaiter, c'est de réussir notre pari de relancer certains coureurs qu'on a recruté comme Alexis Gougeard, Ben Hermans ou Kenny Elissonde. Tout comme le sprinteur Stanislaw Aniolkowski, qui pourrait être une des révélations de l'année 2024. Je pense que ce sera ça notre challenge, essayer de rapidement redonner confiance à tous ces coureurs pour qu'ils puissent atteindre leur meilleur niveau et les autres suivront forcément.

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