Chronique - Mangeas : «Van der Poel, le petit phénomène de Poulidor»
Si la victoire de Mathieu van der Poel sur la course en ligne des Super Championnats du monde, a fait plaisir à beaucoup de monde, le Néerlandais étant très apprécié dans le monde du cyclisme, le sacre du coureur de 28 ans a été particulièrement apprécié par notre chroniqueur Daniel Mangeas. Ami proche de Raymond Poulidor, le grand-père du nouveau porteur du maillot arc-en-ciel, la voix du vélo en France a connu Mathieu van der Poel très jeune et a donc fatalement une affection particulière pour le plus Français des Néerlandais. Quelques heures après le triomphe du Batave à Glasgow, Daniel Mangeas est revenu, pour Cyclism'Actu, sur ce moment tellement particulier.
Vidéo - Daniel Mangeas... et le sacre de Mathieu van der Poel !
You have a message from your new world champion 🌈 @mathieuvdpoel #GlasgowScotland2023 pic.twitter.com/mxtzixaLvU
— UCI (@UCI_cycling) August 6, 2023
Comment Daniel Mangeas a vécu le premier sacre mondial sur la route de Mathieu van der Poel ?
J'ai beaucoup pensé à Raymond (Poulidor) et j'imaginais ce qu'il aurait pu dire s'il avait été devant son écran de télévision. Surtout que selon moi, c'est l'un des plus grands Championnats du monde que l'on ait vécus. Je le mets dans la lignée de Bernard Hinault à Sallanches. Les images de ce Championnat du monde - sa chute, son final, son attaque - resteront dans la mémoire collective, comme l'a été le titre mondial de Bernard Hinault. Les meilleurs étaient devant et Mathieu (van der Poel) a réussi à les mettre KO. Je pense que cela restera à jamais dans l'histoire du cyclisme. Il savait que son père (Adrie) avait fait deuxième d'un Championnat du monde (derrière Greg LeMond en 1983 à Altenrhein, ndlr), que son grand-père avait également fait deuxième (derrière Eddy Merckx en 1974 à Montréal, ndlr), et lui est champion du monde. C'est absolument génial.
On a senti beaucoup d'émotion chez Mathieu van der Poel après cette victoire.
Je ne sais pas s'il l'a dit ou s'il le dira, mais il a très certainement vécu l'émotion la plus forte de sa carrière. Un titre de champion du monde, c'est le maillot arc-en-ciel sur les épaules pendant un an, et cela rapporté aux performances de son père et de son grand-père, ainsi qu'à ce qu'il s'est passé l'année dernière (il avait été arrêté par la police australienne la nuit précédant la course en ligne des Mondiaux, ndlr), il y a eu une surabondance d'émotions sur la ligne d'arrivée. J'imagine le bonheur qui a été le sien. J'entends Raymond dire : "Ah mon petit phénomène". Il me disait toujours : "Tu verras Daniel, c'est un petit phénomène, un vrai phénomène, c'est mon phénomène".
Cette dynastie 'Van der Poulidor', avec ces trois générations qui marquent l'histoire du cyclisme (Raymond Poulidor, Adrie van der Poel et Mathieu van der Poel), est exceptionnelle.
C'est incroyable. J'ai commenté la victoire de Raymond Poulidor à Saint-Lary (le dernier de ses sept succès sur le Tour de France, ndlr), j'ai commenté Adrie sur le Tour de France à Pau (victoire de lors la 16e étape du Tour 1988, ndlr), et il y a maintenant Mathieu. Raymond a cru en lui dès le départ. Lorsqu'il parlait de son petit-fils, il était très disert et avait décelé un talent exceptionnel chez lui. Sa carrière est en tout cas réussie. Ce garçon est capable de briller partout, ça s'appelle la grande classe. Et il y aura peut-être une quatrième génération lorsque Mathieu sera papa...