Vingegaard-Pogacar... la grande bataille des Pyrénées !

Pour la première fois depuis de nombreuses années, le Tour de France ne comportait que deux étapes pyrénéennes, et qui plus est, avec des parcours "pas si difficiles". Mais on a finalement assisté à deux journées de folie sur les routes du Tour ! Mercredi, on a eu le droit à un grand numéro de Jai Hindley (BORA-hansgrohe) et surtout au show Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma). Jeudi, c'était la réponse de Tadej Pogacar (UAE Team Emirates). Analysons et revenons ensemble sur ces deux étapes d'exceptions.

Le record de Marie Blanque explosé

Sur la 5e étape, ralliant Pau à Laruns, la décision s'est faite dans le Col de Marie Blanque (7,8km à 10,5%). Les dernières pentes de cette ascension sont particulièrement impressionnantes avec 4,8km à 10,5%, et c'est dans cette partie là que Jonas Vingegaard a fait la différence. Après un très gros relais de Sepp Kuss, le Danois a placé une attaque à 1,2km du sommet. Et malgré cette courte distance, Vingegaard a relégué Pogacar à près de 45 secondes au moment de la bascule. Effectuant une ascension supersonique, le vainqueur du dernier Tour de France a littéralement explosé le record de la montée, jusque là détenu par Primoz Roglic et Tadej Pogacar en 22'27" (lors du Tour 2020, ndlr), puisqu'il l'a réalisé en 20'58" ! En termes de puissance, selon nos confrères de Lanterne Rouge, Vingegaard a développé 6,92 w/kg (est.), soit ses meilleurs chiffres en carrières avec l'Alto de Arrate, lors du dernier Tour du Pays Basque. Contrairement à ce que pense le grand public, Tadej Pogacar a lui aussi réalisé une excellente ascension en poussant 6,67 w/kg (est.) sur 21'35". Ce qui est tout simplement une de ses meilleures performances en carrière, mais il était tout simplement moins fort que le Danois.

Pogacar-Vingegaard, duel au Tourmalet

Mais le lendemain, sur la 6e étape entre Tarbes et Cauteret-Cambasque, la tendance s'est inversée. L'action a commencé très tôt, puisque les Jumbo-Visma ont décidé de faire exploser la course dès le Tourmalet (17km à 7,4%), dont le sommet se situait à 47km de l'arrivée. Les rouleurs de l'équipe néerlandaise - Christophe Laporte, Nathan Van Hooydonck et Dylan Van Baarle - ont mené le rythme pendant la majorité de la montée, ne faisant pas vraiment souffrir les purs grimpeurs. Mais, à 5 kilomètres du sommet, quand Wilco Kelderman puis Sepp Kuss ont accéléré, l'allure n'était plus du tout la même.

Après l'énorme relais de ses coéquipiers, Vingegaard et passé à l'offensive, mais ce coup-ci, Pogacar a réussi à accrocher à sa roue. Le Danois a alors continué à pousser à bloc jusqu'au sommet, mais rien à faire, le Slovène était toujours là. Malgré une grande partie de ce Tourmalet emmené à allure "modérée", le record de cette mythique ascension, jusque-là détenu par Tony Rominger en 45'48" (lors du Tour 1993), est lui aussi tombé entre les mains de Vingegaard, en 45'11".

La revanche de Tadej Pogacar

Le Danois a ainsi développé 6,01 w/kg (est.) sur l'ensemble de l'ascension et pas moins 6,91 w/kg (est.) en 13'27" sur les 4,8 derniers kilomètres... une performance stratosphérique, qui a repoussé tous les autres favoris à près de 2 minutes. Etant resté dans la roue de Vingegaard, Pogacar a produit un peu moins de watts, mais a tout de même réalisé (de très loin) sa meilleure performance en carrière, d'où "l'étonnement" du Danois de voir toujours le Slovène accroché à sa roue au sommet du Tourmalet.

Si Vingegaard avait réussi à décramponner Pogacar dans le Tourmalet, ayant Wout Van Aert devant, il aurait sans nul doute "tué" le Tour. Après un long relais de Van Aert, les deux favoris se sont de nouveau affrontés dans l'ultime ascension de Cauterets-Cambasque. Vingegaard a encore une fois tenté de décrocher Pogacar, mais a finalement été contré par le Slovène, qui lui a repris près de 30 secondes en quelques kilomètres. Le Tour est donc loin d'être fini !