Daniel Mangeas : «Bernard Hinault... une vie, ça passe très vite»
INTERVIEWLa Chronique Daniel Mangeas de nouveau sur Cyclism'Actu... avec un thème tout trouvé ! Le dernier vainqueur français du Tour de France en 1985, Bernard Hinault, vient de fêter ses 70 ans ce jeudi 14 novembre 2024. On aurait pu demander à notre chroniqueur Cyrille Guimard de nous parler de Bernard Hinault mais nos confrères Ouest-France l'ayant très bien fait, Cyclism'Actu a demandé à son autre chroniqueur, Daniel Mangeas. L'historique speaker du Tour de France pendant 41 éditions nous raconte la légende du Blaireau. Forcément, ils se connaissent depuis si longtemps que Daniel Mangeas, historien du cyclisme et bible vivante du vélo, nous a ressorti quelques anecdotes dont il a le secret et dont on ne peut que se délecter pour découvrir et/ou redécouvrir Bernard Hinault sous un autre angle... Un entretien à retrouver en vidéo et à lire ci-dessous !
Quand Daniel Mangeas raconte Hinault pour Cyclism'Actu !
Daniel Mangeas, on a fêté ce jeudi 14 novembre les 70 ans de Bernard Hinault, qui est évidemment le dernier vainqueur français du Tour de France en 1985. Tu l'a côtoyé pendant des années en tant que speaker de la Grande Boucle, qu'est-ce que LA voix du Tour et du vélo en France a à nous raconter sur le Blaireau ?
D'abord bonjour à tous les amis de Cyclism'Actu ! Bernard Hinault, que dire... Je serai chez lui demain (samedi) car il fête ses 70 ans dans son village avec le salon des Collectionneurs. Mais pour moi, Bernard, c'est le moment de me dire qu'une vie, ça passe très vite finalement. Par ce que la première fois que je l'ai rencontré, c'est la seule fois où il a porté le maillot de l'équipe de France amateurs. C'était une épreuve organisée par Jean Leulliot et qui s'appelait l'Etoile des Espoirs, autour de Fougères, en Ille-et-Vilaine. Et il y avait deux arrivées chez moi, à Saint-Martin-de-Landelle. Une étape le matin en ligne, et un chrono l'après-midi. C'était en 1974 ou 1975, début des années 70. Bernard avait alors à peine une vingtaine d'années, et il portait le maillot de l'équipe de France. J'étais au micro, c'était la première fois que je commentais une épreuve en tant que speaker officiel. C'était ses débuts avec les pros, moi c'était mes débuts au micro.
Il faut rappeler que quelques mois auparavant, il avait terminé 2e derrière Michel Laurent de ce qu'on appelait le baccalauréat du cyclisme, la Route de France. Je me souviens très bien des deux arrivées, il avait vraiment marqué cette Etoile des Espoirs. Le matin, il a failli gagner l'étape en ligne. Il s'échappe avec celui qui allait devenir l'un de ses meilleurs coéquipiers, Maurice Le Guilloux. Mais malheureusement, il arrive trop vite dans un virage où il y avait un corps de ferme, avec un poulailler, avec une brouette, et avec des poules. Et Bernard arrive trop vite, rate son virage, se retrouve le derrière dans la brouette. Cyrille Guimard était à ses côtés. Finalement Bernard s'est relevé et a franchi la ligne dans le peloton. C'est dommage qu'à l'époque on ne l'appelait pas encore le Blaireau, car il y avait de belles fables de La Fontaine à écrire : "Le Blaireau chez les Poules" (rires) !
Mais ce qui a surtout retenu l'attention cette année-là, c'est le contre-la-montre individuel de l'après-midi. Bernard, du haut de ses 20 ans, a battu tous les pros... sauf un, un coureur hollandais qui s'appelait Roy Schuiten, de l'équipe Ti-Raleigh. Il était champion du monde de poursuite et allait plus tard remporter le Grand Prix des Nations. Bernard termine donc 2e de ce chrono en battant tous les pros avec le maillot de l'équipe de France, et dans les cinq premiers du général. C'était là véritablement le début de la carrière exceptionnelle que nous avons tous vécue.
Publié le par Arthur DE SMEDT