Pello Bilbao : «Gino Mäder ? S'il était toujours avec nous...»

Alors que les coureurs sont en pleine préparation de la saison 2025, la cérémonie du Vélo d'or a eu lieu ce vendredi, voyant le grand favori Tadej Pogacar remporter le trophée du meilleur cycliste de l'année chez les Hommes, et Lotte Kopecky chez les femmes. Mais la cérémonie a également été marquée par la création du prix "Gino Mäder", en mémoire de l'athlète décédé lors du Tour de Suisse 2023, récompensant des cyclistes engagés dans des causes sociales et remporté par Luis Ángel Maté (Euskaltel-Euskadi). A cette occasion, Pello Bilbao a été interviewé par nos confrères basques de Raiz. En effet, le coureur espagnol était coéquipier de Gino Mäder chez Bahrain Victorious au moment de l'accident, et avait crée un lien particulier avec le suisse. Depuis, il s'efforce de maintenir vivante la mémoire de son coéquipier.

"Peut-être est-ce triste à dire, mais de nombreux sportifs n'ont pas ces préoccupations"

Pello Bilbao évoque d'abord la relation particulière qui l'unissait à Gino Mäder : "Je préfère penser que, s’il était toujours parmi nous, il serait aujourd’hui bien connu et pourrait diffuser ses idées et ses engagements. C’est vrai qu’on n’avait pas le même calendrier et qu’on n’a pas eu le temps de devenir de très proches amis. Mais, pendant le temps passé ensemble, j’ai vu que nous avions des préoccupations similaires, que les mêmes choses nous touchaient, que nous avions des intérêts qui allaient au-delà du sport… Cela m’a marqué. Peut-être est-ce triste à dire, mais de nombreux sportifs n’ont pas ces préoccupations. Nous sommes souvent un peu égoïstes, car notre sport est très absorbant et nous nous isolons un peu du monde qui nous entoure."

Il explique également en quoi ce tragique incident a changé sa manière de voir sa carrière professionnelle : "Nous avons tous perdu des proches, des amis, des collègues… C’est très dur, mais la mort fait partie de la vie. Par ailleurs, notre sport comporte une part de risque. J’en suis très conscient, et cela m’a poussé à réfléchir à certaines choses. Par exemple, dans un autre sport, peut-être prolongerais-je ma carrière jusqu’à 42 ans, car j’ai une passion immense pour ce que je fais. Mais avec cette proximité du danger et le sentiment de responsabilité envers ma famille, il est probable que j’arrête plus tôt. Prendre des risques devient de plus en plus difficile. Notre mentalité évolue avec l’âge."

Une campagne de don en hommage à Gino Mäder

En mémoire de son défunt ancien coéquipier, Pello Bilbao a voulu poursuivre l'engagement de Gino Mäder pour l'écologie et l'environnement, en lançant une campagne de dons pour l'association Basoak SOS pendant le Tour de France 2023, ayant pour objectif de racheter un terrain déboisé, et de le faire revivre en replantant des espèces locales : "Je n’ai pas beaucoup communiqué à ce sujet jusqu’ici, mais je pense que je dois des explications. Jusqu’à présent, cela a été bloqué à cause d’un désaccord entre les propriétaires de la forêt initialement négociée, ce qui a fait échouer la vente. L’association BaSOS a dû chercher un autre terrain et il y a seulement quelques jours que j’ai eu la confirmation : un terrain a été acheté à Muxika, et la plantation s’y fera".

Enfin, Pello Bilbao est également rapidement revenu sur sa saison 2024 et ses perspectives pour 2025 : "Ce n’a pas été la meilleure saison. J'ai ressenti que j'étais physiquement en très bonne forme, mais les résultats ne l’ont pas reflété. Je voulais mais je n'ai pas été là aux moments clés, c’est ainsi que je l’ai ressenti. Pour 2025, tout est encore ouvert, mais mon intention, en principe, est de privilégier le Giro plutôt que le Tour. Et ensuite, les courses les plus habituelles, en général, celles qui se répètent chaque année : le Tour des Émirats, la Vuelta, les classiques des Ardennes… Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de changements dans le calendrier habituel, et ensuite, il faudra voir si je fais le Giro ou le Tour", conclut-il.