Cyrille Guimard : «Si nous voulons protéger les coureurs...»

C'est le débat qui agite le monde du cyclisme avant la 121e édition de Paris-Roubaix, qui aura lieu dimanche dans le nord de la France : la chicane avant la trouée d'Arenberg ! Répondant à une demande de Cyclistes Professionnels Associés (CPA), le principal syndicat des coureurs, les organisateurs de l'Enfer du Nord, après avoir obtenu l'accord de la préfecture du Nord, vont faire contourner un îlot central au peloton juste avant l'entrée dans le secteur le plus mythique de Paris-Roubaix. Forcément, chez Cyclism'Actu, on a souhaité avoir l'avis de notre chroniqueur Cyrille Guimard. Et celui-ci, comme à son habitude, n'a pas eu dans sa langue dans sa poche au moment d'évoquer cet aménagement de dernière minute.

"C'est quelque chose de grave de ne pas consulter les gens qui sont les principaux intéressés"

"Tout d'abord, je dois dire que c'est gênant de faire quelque chose dans la précipitation. Sur le principe, réfléchir à mettre en place des moyens pour éviter les grosses chutes me paraît tout à fait légitime, mais là on parle peut-être de quelque chose qui va être plus dangereux que l'entrée normale sur les pavés. Et ce qui me dérange le plus personnellement, c'est que les coureurs n'ont pas été prévenus et consultés, tout comme les groupes sportifs. À eux, on ne leur demande pas leur avis", explique tout d'abord le Druide, avant de poursuivre.

"C'est absolument n'importe quoi, c'est quelque chose de grave de ne pas consulter les gens qui sont les principaux intéressés. La façon dont ça a été mis en place, c'est anti-démocratique et malhonnête car toutes les familles du cyclisme ne sont pas respectées. On est parti sur une réflexion de quatre ou cinq coureurs. On ne peut pas tenir compte que d'une poignée de coureurs, et surtout sur un problème aussi grave que la sécurité."

"J'en ai marre de voir des tas de trente coureurs sur la route, ça finit par me dégoûter"

Pour finir, Cyrille Guimard a avoué son ras-le-bol face au nombre de chutes en course en perpétuelle croissance et a parlé de la raison qui, selon lui, explique en grande partie ce phénomène. "J'en ai marre de voir des tas de trente coureurs sur la route, ça finit par me dégoûter. Et le plus grand danger pour les coureurs, ce sont les oreillettes et les GPS. Si on veut les protéger, ne leur imposons pas des outils qui leur font perdre leur vigilance et leur capacité de réaction. On sait que quand on vous parle dans les oreilles, vous avez une perte d'attention totale", conclut le consultant cyclisme de RMC Sport et chroniqueur de Cyclism'Actu.