Milan-San Remo - Le jour de gloire pour Kristoff !
Par Alexandre MIGNOT le 23/03/2014 à 17:06
Place au premier "Monument" du cyclisme ce dimanche, sur les routes transalpines. La célèbre et tant attendue Classique de Milan-San Remo fêtait sa 105ème édition, et un plateau une nouvelle fois très relevée était prêt à en découdre sur la Primavera. Le parcours, initialement durci par rapport aux années précédentes favorisait finalement les sprinteurs après la suppression des montées de la Pompeiana et de la Manie. Mais tout de même pas moins de 295 kilomètres au programme et le fameux Poggio comme juge de paix. Alors, un sprint massif ? Rien de moins sûr, ce sont les coureurs qui font la course !
Un groupe de six se lance à l'avant
Comme de coutume, c'est tôt le matin que les coureurs prennaient le départ de Milan, sous la pluie. La ligne du départ fictif est franchie peu après 10 heures, et immédiatement, plusieurs attaques font rage à l'avant du peloton. La bataille pour prendre l'échappée dure une dizaine de bornes, puis c'est un groupe de six hommes qui parvient à s'extirper et à s'en aller pour un beau baroud' en tête de course. On retrouve Maarten Tjallingii (Belkin), Jan Barta (NetApp-Endura), Nicola Boem (Bardiani-CSF), Marc De Maar (UnitedHealtcare), Antonio Parrinello (Androni), Nathan Haas (Garmin-Sharp) et Matteo Bono (Lampre-Merida). Le peloton se satisfait de cette échappée et laisse couler. De fait, après 100 kilomètres de course, le groupe de fuite compte 10 minutes d'avance, mais il reste 200 bornes, pas de quoi affoler le peloton. 50 bornes plus loin, à la mi-course donc, cet écart est stabilisé tandis que les équipes de leaders contrôlent à leur guise.
Et c'est à cet instant que le peloton, qui après avoir franchi la longue mais raisonnable montée du Turchino, met en marche. Peu à peur, l'écart baisse et n'est plus que de 7 minutes à 125 kms du but. Cannondale, Trek et Giant-Shimano font le boulot et maintiennent un écart relativement simple à combler. A 85 kms de San Remo, et sous une pluie qui s'intensifie, tant sur la route des coureurs que dans un Poggio inondé, l'avantage du groupe de tête est de 6'45". Ce groupe de tête qui perd d'ailleurs Haas, sur incident mécanique, tandis que Parrinello est lâché à la pédale. A 50 bornes de l'arrivée, à l'entrée dans les Capi (Capo Mele, Capo Cervo, Capo Berta), les quatre rescapés de l'échappée comptent 5'30" d'avance sur le peloton.
Le peloton revient fort
Sous un temps exécrable, mêlant forte pluie et froid, les coureurs entament donc les 50 derniers kilomètres. Dans le même temps, Ulissi, Kwiatkowski et Renshaw mettent pied à terre. Dans les Capi, la Cannondale prend les choses en main pour tenter de durcir la course et faire un premier écremage. Le Capo Mele se franchit sans embûches et le Capo Berta est entamé dans la foulée, et le peloton se morcèle, et la sélection se fait par l'arrière, peu à peu. Les conditions météorologiques n'aidant pas les coureurs à la limite. Parmi eux, Jan Barta, lâché par ses trois compagnons à l'avant, tandis qu'on ne compte plus que 80-90 coureurs dans le peloton.
L'accélération des Cannondale se fait donc bien ressentir, et l'écart diminue à 3'30" à 40 bornes de l'arrivée. Et six heures de course ont déjà été effectués... Et les nouvelles de la descente du Poggio, complètement submergée, ne s'améliorent pas. Et dans le peloton, les lâchés et les abandons s'enchaînent, le peloton ne cesse de perdre des éléments tandis que la formation Trek prend position, tout comme la Katusha. A 30 kms de l'arrivée, les grands favoris sont encore présents dans un peloton pointé à 2'20" de l'échappée matinale qui en est à près de 250 kms de fuite.
Nibali fait un numéro ...
A 28 bornes de San Remo, les échappés puis le peloton arrivent au pied de la Cipressa. Bono est lâché de l'échappée, alors que la Lotto emmène sur les premières rampes. Dans la foulée, c'est la Cannondale qui prend les commandes et emmène fort pour faire péter le pack. Et ça marche, de nombreux coureurs craquent à l'arrière. De Marchi fait un énorme boulot et imprime un gros rythme qui fissure le peloton. A 25 kms, c'est alors Vincenzo Nibali qui tente sa chance et place un démarrage. Le coureur d'Astana prend quelques mètres et creuse un petit écart. Dans le peloton, on ne dénombre plus qu'une quarantaine d'hommes ! La sélection est terrifiante. Et à 23 bornes du but, Tjallingi et De Maar mènent de seulement 15 secondes sur un Nibali qui fait l'effort et de 40" sur le peloton qui temporise quelque peu. Au sommet de la Cipressa, il reste 22 kilomètres à couvrir et Nibali, en passe de revenir sur le duo, compte une vingtaine de secondes sur le peloton d'environ 40 hommes.
Le Sicilien fait comme d'habitude forte impression dans la descente, puisqu'il reprend et lâche De Maar et Tjallingi. Le coureur d'Astana ne les attend pas au pied et donne son maximum, en position de chrono. Derrière, ça se regarde et ça profite à Nibali qui ne compte pas se relever. Les favoris sont même sur le point de se découvrir et c'est peu organisé à l'arrière. A 15 kms du but, le groupe des favoris pointe à 50 secondes du Sicilien ! TOut est jouable pour Nibali, qui joue un mano à mano face à De Marchi, pas franchement aidé en tête de pack. La Trek tente de prêter main forte mais l'écart ne diminue quasi pas. A 12 kms de l'arrivée, la Sky prend alors les commandes et reprend Tjallingi, alors intercalé.
... mais est repris, et le sprint final sacre Alexandre Kristoff !
Sous la bannière des 10 derniers kilomètres, l'écart descend à 20 secondes et ça se complique Pour Nibali esseulé et dans le dur à l'avant. Il entame tout de même le Poggio (3.7 kms) en tête, avec 14 secondes d'avance, mais ça pousse fort derrière et ça revient très vite. A 9 kms de l'arrivée, l'entreprise du Sicilien s'achève, après un beau numéro. C'est alors Rast qui place un démarrage, suivi par Battaglin et les deux hommes mènent la course à 8 bornes de l'arrivée. Mais ça bouge derrière et Gilbert attaque, ce qui condamne le duo à 7 kms du but. Le peloton reste groupé et personne ne parvient à faire la différence. Le groupe bascule dans la descente, avec les principaux favoris en son sein.
Nordhaug et Van Avermaet l'entament en tête et tentent de faire le forcing. Quelques mètres séparent les coureurs mais l'écart n'est pas fait. Aucune chute n'émaille cette descente et le pied se rapproche. C'est donc dans les trois derniers kilomètres que tout se joue. Canola place un démarrage et ça se regarde quelque peu. Mais Stybar prend les choses en main pour Cavendish, bien présent ! La Katusha fait aussi le boulot pour Kristoff et le groupe est bien compact sous la flamme rouge ! A 600 mètres de la ligne, Gilbert emmène tandis qu'une chute intervient. Le sprint est lancé par Van Avermaet tandis que Cavendish démarre sur la droite, mais trop tôt ! C'est Kristoff, bien placé derrière Van Avermaet et Modolo, qui profite de l'aspiration, réalise le sprint parfait et qui s'impose en puissance et avec facilité devant ... Fabian Cancellara, très frustré à l'arrivée. Ben Swift (Team Sky) prend la troisième place sur le podium.