Journal de Bord - Chevrier : «Une opportunité»
Par Alexis ROSE le 16/08/2014 à 18:24
Depuis son dernier Journal de Bord avec Cyclism'Actu, datant de la mi-juillet, Clément Chevrier a vécu de grandes choses ! De retour aux USA, au début du mois de juillet, Clément a d'abord repris l'entraînement, puis la compétition, à la Cascade Classic, avec le Tour d'Utah et l'USA Pro Challenge en tête, voire le Tour de l'Avenir, si le sélectionneur de l'équipe de France décidait de l'amener. Mais, entre temps, c'est-à-dire, entre sa reprise de la compétition et le Tour d'Utah, le "Frenchie", son surnom aux États-Unis, a appris qu'il allait être stagiaire pro, du 1er août jusqu'à la fin de la saison 2014, au sein de la formation World Tour, Trek Factory Racing ! L'obtention de ce stage est une étape très importante dans la carrière du Picard, qui espère profiter de celui-ci pour "montrer (sa) valeur sportive", dans le but d'intégrer une grande équipe dès la saison prochaine, en 2015. Dans ce nouveau Journal de Bord, Clément Chevrier revient d'abord sur son retour aux USA, puis sur le début de son stage avec l'équipe Trek. Il détaille ensuite son Tour d'Utah, sa première course avec sa nouvelle équipe, qu'il a terminé à une belle 19e place finale. L'ancien coureur du Chambéry CF aborde enfin le futur proche, qui passera, dès lundi, par l'USA Pro Challenge, qu'il effectuera avec ... la Bissell Development Team, à cause de la présence de Robert Kiserlovski. Après cette course, Clément devrait revenir en Europe, avec Trek, pour participer aux Classiques de fin de saison. Place au 9e Journal de Bord avec Clément Chevrier !
Le retour aux Etats-Unis, la reprise après la coupure
Je suis retourné aux USA le 8 juillet dernier, après une bonne coupure à la sortie des Championnats de France. Idéale pour attaquer la deuxième partie de saison frais et plein d'envie.
J'ai d'abord passé une semaine à Santa Rosa, chez mon ami français, chef cuisinier. J'étais impatient de retourner vivre ici, de retrouver les coéquipiers, le staff, le train de "vie américain"...etc. En vivant ici, j'ai l'impression de mettre ma vie et mes problèmes en Europe entre "parenthèses".
Je me suis d'abord adapté au décalage horaire, avant de commencer de belles charges d'entraînement pour la suite de la saison, c'est-à-dire "reconstruire" les fondations après la coupure.
"Élever mon niveau de forme"
J'ai repris la compétition mi-juillet sur la Cascade Classic, une course NRC de 5 jours au profil avantageant les rouleurs et les puncheurs. Cette course avait pour but de retrouver du rythme et rentrait dans une optique de préparation. Comme prévu avec mon entraîneur Vincent Terrier, les sensations allaient de mieux en mieux au fil des jours, avec une dernière étape encourageante, où je suis entré dans le Top 10 de l'étape. Au final, j'ai terminé à la 16e place au général. L'objectif principal, qui était d'élever mon niveau de forme, avait donc été rempli, avant d'attaquer 15 jours d'entraînements intensifs en montagne à Boulder, en vue du Tour de l'Utah et du Colorado. Stage que j'ai effectué avec James Oram et George Bennet de la Cannondale.
"Retrouver le coup de pédale "montagnard""
Boulder est une ville qui respire le sport et plus particulièrement le cyclisme. Je m'y plais à y vivre et à m'entraîner. Nous sommes constamment en altitude, la météo est très bonne et les routes sont variées. Nous avons enchaîné quelques belles sorties pour retrouver le coup de pédale "montagnard" et fait quelques séances de derrière scooter pour garder le rythme. J'ai cette fois-ci mieux géré l'adaptation à l'altitude après ma première venue ici au mois d'avril. En effet, c'est un paramètre important et le surentraînement peut vite arriver.
"Au départ du Tour de l'Utah, j'étais donc assez confiant de ma forme"
Au départ du Tour de l'Utah, j'étais donc assez confiant de ma forme après cette préparation entamée dès la Cascade Classic. L'altitude du Tour de l'Utah n'était plus un problème, après être passé par Boulder. La seule chose qui m'effrayait était le pourcentage important des cols et la longueur des étapes face aux coureurs du World Tour.
Le stage chez Trek Factory Racing
J'ai eu la proposition d'être stagiaire avec l'équipe Trek Factory Racing à la mi-juillet. Évidemment, je n'ai pas hésité une seule seconde ! Le fait d'être dans l'équipe Bissell a aidé à décrocher ce contrat. Étant sur la même marque de cycles.
"Je n'ai pas pris cette proposition comme une récompense, mais comme une opportunité"
J'étais vraiment heureux de la nouvelle, mais surtout sur-motivé. En effet, je n'ai pas pris cette proposition comme une récompense, mais comme une opportunité. Une chance pour montrer ma valeur sportive dans une équipe de ce standing. Cependant, cela ne reste qu'un stage et le but ultime est de décrocher un contrat pour intégrer une formation de ce type dès l'année prochaine. Mais, c'était comme me donner des clefs pour ouvrir les bonnes portes...
"Même avec ce stage, je reste toujours ouvert aux autres équipes"
Stagiaire chez Trek Factory Racing ne veut pas dire que j'ai décroché un contrat pour les années futures avec eux. Évidemment, en courant avec eux, le staff et les coureurs peuvent voir de plus près mon comportement et se donner un avis plus pertinent sur la possibilité ou non de m'intégrer dans l'effectif pour les saisons à venir. C'est avantageux pour eux, mais aussi pour moi. Mais, même avec ce stage, je reste toujours ouvert aux autres équipes.
"J'ai rapidement vu la différence entre une équipe de niveau Continentale et World Tour"
J'ai rapidement vu la différence entre une équipe de niveau Continentale et World Tour. En terme de logistique, nous avions 4 masseurs pour une heure de massage chacun, et chaque jour, deux mécaniciens et un docteur ! Le bus, loué sur place par l'équipe, fait la grosse différence par rapport à la formation Bissell. C'est un outil bien agréable pour les longs transferts d'avant et d'après course. La douche juste après l'arrivée également. Ce sont des détails qui jouent sur la performance après une semaine de course.
"L'intégration a été facile"
L'intégration a été facile. Nous étions 4 Français, avec l'encadrement. Ce qui a facilité la chose. Puis, dans l'effectif il y avait deux autres stagiaires que je connaissais déjà. Tout comme Calvin Watson, jeune australien de l'équipe Trek. Puis Jens Voigt est arrivé... C'est une source d'énergie et de bonne humeur. Malgrè son passé dans le cyclisme, il reste très ouvert, humble et à l'écoute. Quelle chance de pouvoir le côtoyer et l'écouter après chaque repas nous raconter ses anecdotes !
"J'espère être de la partie pour les semi-classiques italiennes de fin de saison"
Après ce Tour de l'Utah, je devrais participer à quelques courses en Europe avec l'équipe Trek. J'espère être de la partie pour les traditionnelles semi-classiques italiennes de fin de saison.
Le Tour of Utah, la première course avec Trek
Les trois premiers jours de course étaient longs, avec 200 kilomètres au programme, et propices aux arrivées groupées. Ceci dit, c'était loin d'être plat ! Le deuxième jour, nous n'arrivons qu'à 40 coureurs pour la victoire... La troisième étape s'est terminée par trois tours de circuit d'un stadium automobile. J'ai vraiment apprécié le concept, malgré la vitesse impressionnante ! Cette étape était vraiment nerveuse à cause du vent. En effet, la particularité et la grosse difficulté du Tour de l'Utah est qu'il n'y a jamais de répit. En plaine, nous sommes dans le désert, donc très exposé aux risques de bordures. Et les cols sont très très raides et en haute altitude. Durant 7 jours, tu te dois d'être prêt mentalement et physiquement à batailler dur à chaque départ d'étape.
"Ça n'a pas "débranché" de la journée"
La 4e étape était la première de haute montagne. Ça n'a pas "débranché" de la journée. L'échappée matinale étant trop dangereuse pour le classement général. Nous n'arrivons qu'à une petite trentaine au pied de la dernière, après un gros écrémage dans le col précédent. Tom Danielson attaque au pied pour partir seul vers la victoire. Quant à moi j'ai fait une première partie avec mon leader Mathew Bushe, avant de craquer légèrement et prendre une 17e place au sommet, avec le maillot de meilleur jeune.
"Quel luxe d'avoir Hayden Roulston et Jens Voigt pour vous remonter et vous abriter du vent !"
Les deux derniers jours de course étaient les plus difficiles. Deux grosses étapes de montagne. Avec Mathew Bushe, nous étions les deux coureurs protégés de l'équipe. Quel luxe d'avoir Hayden Roulston et Jens Voigt pour vous remonter et vous abriter du vent ! J'en étais même mal à l'aise, lorsque Jens à insister pour me donner son K-Way sous la pluie, 8 degrés et à 3 000 mètres d'altitude ! Le fait d'être protégé dans cette équipe pour ma première course avec eux m'a évidemment touché. Je prends ça comme une reconnaissance et un bel état d'esprit de leur part.
Mes sensations moyennes du samedi m'ont fait perdre un peu de temps au général et prendre la 23e place à l'arrivée. Je restais à la veille de la dernière étape avec le maillot de meilleur jeune.
"Maillot ou pas, ma semaine fut productive !"
Sur la dernière étape, les sensations étaient bonnes. Nous nous présentons groupés au pied de la dernière ascension. Un col de 12 kilomètres très pentu. Un peu euphorique, j'ai réalisé une belle première partie de montée avec les meilleurs. Malheureusement, je coince à 6 kilomètres du sommet, où je suis ensuite resté avec mon leader. J'arrive donc avec lui pour la 14e place. Satisfait de mon étape, mais déçu de perdre le maillot de meilleur jeune pour 14 secondes... Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais ça aurait au moins récompensé mes efforts et surtout ceux de l'équipe. Malgré tout, le staff et les coureurs m'ont tout de même félicité pour cette belle semaine et le travail réalisé. Maillot ou pas, ma semaine fut productive !
L'USA Pro Challenge ... avec Bissell Development Team
Robert Kiserlovski est finalement le huitième coureur de l'équipe Trek pour l'USA Pro Challenge. En effet, ne participant finalement pas à la Vuelta, le manager a décidé de l'aligner au Colorado. Malgré le fait que le staff et les coureurs présents sur l'Utah ont insisté auprès du manager pour ma participation avec Trek. Je ferais donc la course avec mon équipe, la Bissell Development Team. C'est une petite déception puisqu'après avoir goûté à mon rêve pendant 7 jours, je n'avais qu'une envie, y retourner !
"(Déçu), mais heureux de participer à cette course avec mon équipe"
Mais, je suis également heureux de participer à cette course avec mon équipe. De finir l'aventure avec eux.
La tactique de course ne sera évidemment pas la même par conséquent... Nous serons plus tournés vers l'offensif qu'avec Trek. Je serais peut-être protégé pour le classement général, également. Mais, cela est à aviser au fur et à mesure des jours. Le profil des cols est très roulant. Le contre-la-montre devrait jouer un rôle important dans le classement final aussi. Nous avons, de plus, de très bons puncheurs-sprinteurs dans l'équipe. Je vais donc faire, avec plaisir, mon maximum pour les aider sur les étapes vallonnées.
Propos recueillis par Alexis ROSE
Les précédents Journaux de Bord de Clément Chevrier : #1, #2, #3, #4, #5, #6, #7, #8.