ITW - Michal Kwiatkowski, futur «boss» du peloton ?
Par Antoine PLOUVIN, à Huy le 24/04/2014 à 12:05
Vidéo - Michal Kwiatkowski, 3e de la Flèche Wallonne 2014
C’est sans doute le phénomène de cette première partie de saison. Si vous ne connaissiez pas les couleurs de la Pologne, et notamment son emblème, l’Aigle Blanc, vous n’avez désormais plus d’excuse. Michal Kwiatkowski, qui arbore le maillot de Champion national, est la révélation, ou plutôt la confirmation de ce début de saison. Passé pro’ à 20 ans au sein de la formation Radioshack, il a été vite happé par l’équipe Omega Pharma – Quick Step qui a peut-être trouvé là le Champion qu’elle cherche depuis bien longtemps maintenant, et qui lui permettrait de briller sur les Ardennaises et sur les courses par étapes en même temps qu’elle peut déjà s’appuyer sur son imposant groupe de Flandriens et sur l’un des deux meilleurs sprinters du Monde, Mark Cavendish. Sans oublier le Champion du Monde du chrono’, Tony Martin pour mener un train de rouleur, double fois Champion du Monde par équipe. Cinquième à l’Amstel dimanche dernier, « Kwiat’ » a pris la troisième place de la Flèche Wallonne.
« Je pense avoir joué intelligemment dans le Mur. C’est aussi un jeu tactique. Si j’avais été moins bien placé, même avec d’aussi bonnes jambes, je n’aurai pas pu atteindre le podium comme l’an passé, où j’ai perdu des places dans les virages. Mais cette année, j’ai la chance qu’on cherche plus à se mettre dans ma roue que l’inverse, et je n’ai qu’à attendre de produire mon effort dans la dernière ascension. »
Les bras levés depuis Majorque…
Tout commença dès le début du mois de février avec la victoire de la troisième manche du Trophée de Majorque. Un beau numéro déjà qui se concluait avec une victoire en solitaire. Deux semaines plus tard, sur le Tour d’Algarve, il impressionnait en damant le pion à Alberto Contador. Plus fort dans les montées, il remporte la deuxième étape. Il prend ensuite clairement le dessus en remportant le chrono’. Au final il gagne l’épreuve devant Alberto Contador et le Champion du Monde Rui Alberto Faria da Costa… Pas mal ! « Je cours déjà depuis Majorque alors on arrive au terme d’une très longue période. Mais les classiques Ardennaises sont les principaux objectifs de cette première partie de saison. Alors je suis content de ce que j’ai fait sur l’Amstel et sur la Flèche. Nous sommes partis avec une belle équipe et mes coéquipiers comptaient sur moi et ils ont vraiment travaillé dur pour moi ».
On a découvert réellement ce jeune prodige l’an passé. Déjà deuxième en Algarve, mais sur une course moins relevée, il s’en allait surtout prendre la quatrième place d’un difficile Tirreno – Adriatico derrière Nibali, vainqueur, Froome puis Contador et devant Joaquin Rodriguez… Coureur pour courses par étapes vous avez dit !? Il réalisait une belle prestation ensuite sur le Tour des Flandres dans le cadre du travail pour son équipe et puis enfin on le voyait prendre la quatrième place de l’Amstel et la cinquième à Huy… déjà. « Enfin », c’est vite dit ! Malgré son jeune âge, et un enchaînement déjà conséquent, il revient sur le Critérium du Dauphiné où il montre de belles choses, notamment à Superdévoluy, même s’il ne termine pas la dernière étape s’achevant à Risoul, dans un épais brouillard et sous la pluie. Et surtout, pour sa première participation, il prend la onzième place du Tour de France.
Aucun doute
En mars, il remportait les Strade Bianche. Quand on voit le palmarès de cette jeune course, on comprend que ce n’est pas donné à tout le monde. Surtout qu’il y devançait Peter Sagan et Alejandro Valverde, qui allait lui même s’imposer le lendemain sur la Roma Maxima. Et puis… vint Tirreno. Grâce à la force collective de son équipe, il se retrouve en excellente position dès le chrono’ par équipe inaugural. Le voilà bien parti pour remporter sa première grande victoire, s’imagine-t-on. Dans la première étape de montagne, le samedi, il résiste très bien à Alberto Contador. Mais le dimanche… « El Pistolero » vole ! Et Kwiatkowski prend un éclat. Violent. Avait-il simplement profité d’un pic de forme prématuré quand les grands leaders n’étaient encore qu’en préparation pour les grands rendez-vous ? Son abandon à Milan – San Remo tend à le prouver. Et puis… Il y a deux semaines, il réalise un excellent Tour du Pays Basque. Cinq fois troisième d’étape, il prend finalement la seconde place du général derrière Alberto Contador. Non non ! On ne s’était pas trompé. « Kwiat’ » est bel et bien un phénomène ! « Les Strade Bianche étaient une excellente répétition pour les Ardennaises. Tirreno a été complétement différent. Ma performance n’y a pas été mauvaise, mais je n’ai pas pu faire de résultat. Je suis pourtant parti confiant de Tirreno et de Milan – San Remo, car je savais que derrière, j’avais deux semaines pour récupérer et me préparer pour le Tour du Pays Basque. J’ai gagné en expérience, je récupère mieux cette année. »
Liège en point d’orgue
Quatrième à l’Amstel l’an passé, puis cinquième à Huy, il était totalement passé à côté de son Liège – Bastogne –Liège. Pourquoi ?
« L’an passé, j’étais confiant. Et je n’ai rien pu faire car j’étais trop fatigué. Cette année, j’ai eu une préparation différente. J’ai démarré plus tard avec Majorque, plutôt que le Tour de San Luis en Argentine. Je suis allé au Tour du Pays Basque plutôt que de faire les Flandriennes comme l’an passé où j’en étais ressorti trop fatigué. Je pense que c’est une meilleure préparation comme ça, et que ça devrait me procurer une bonne forme pour Liège. Mais je ne suis pas si confiant pour autant. Parce que l’année dernière, je n’étais pas dans la bagarre dans le final. Alors pour moi, il y aura quelque chose de nouveau. D’autant plus que le final a un peu changé ».
Seulement le début ?
Quand nous lui posons la question de savoir s’il est lui même impressionné ou surpris de son incroyable progression : surpris, il l’est… Mais par notre question ! « Si je suis impressionné de ma progression !? Vous savez, je travaille vraiment dur chaque jour. Je n’ai pas connu de problème cet hiver. C’est ma troisième année chez Omega Pharma, et je n’ai que 23 ans, donc j’espère bien encore progresser ! » Au vu de ses qualités en montagne, de son explosivité, et de ses compétences en contre-la-montre, cette réponse naturelle sonne presque comme un avertissement pour tout le reste du peloton. Nous voilà prévenus.