Dossier - La sophrologie dans le cyclisme (2/4)
Par Alexis ROSE le 23/05/2014 à 17:30
Vidéo - VIDÉO EXPLICATIVE - REVEIL MUSCULAIRE
Cyclism'Actu, en collaboration avec Laurent Favarel, sophrologue dans le monde du sport, vous propose un dossier sur la sophrologie, définie comme une "technique de développement personnel s'intéressant à l'étude de la conscience individuelle". Bien sûr, le dossier que nous vous proposons concerne la pratique de la sophrologie dans le monde du cyclisme. Chaque soir, à 17h30, et ce de jeudi à dimanche, retrouvez sur notre site une brève sur ce sujet.
SOPHROLOGIE ET CYCLISME DE COMPÉTITION : AVANT LA COMPÉTITION
La sophrologie intervient généralement dans les mois qui précèdent un objectif sportif. Ce travail n'est pas centré sur l'épreuve en elle-même, mais sur la personne. La priorité est bien entendu une bonne préparation athlétique et une excellente diététique. Nous connaissons l'importance du rapport poids/puissance dans le cyclisme. Même avec une détermination sans faille, cinq kilos de trop, selon le type de terrain, peuvent mettre en difficulté le plus doué des coureurs.
La relaxation dynamique
Ce qui fait la différence entre la sophrologie et les autres modes de préparation, c'est la "relaxation dynamique". Elle est un réservoir important de techniques qui permettent d'avoir une conscience aiguisée du corps. Durant une séance, le niveau de vigilance est élevé et le corps naturellement détendu, comme au bord du sommeil. C'est un peu comme un rêve éveillé où la personne est complètement "maître de ses pensées". C'est un état qui est très favorable à la récupération de sensations et de perceptions qui accompagnent le stress du compétiteur. Bien souvent, après cet entraînement, l'athlète est capable d'anticiper la montée d'un affect désagréable sans le "gommer", ce qui diminue considérablement les répercutions négatives.
Les méthodes clé
- "Le Jacobson" : c'est une technique qui vise à prendre conscience de son corps dans la tension et dans la détente. Le corps est partagé en plusieurs segments, il s'agit de contracter une zone, pendant que tout le reste est relâché. Cet exercice est généralement indiqué dans la gestion du stress. Chez les sportifs, quand il est maîtrisé, il permet d'économiser de l'énergie sur de longues distances, puisque ne vont se contracter que les muscles qui participent à l'effort de déplacement. Il optimise le rendement mécanique tout en diminuant les mouvements parasites.
L'exemple : Un coureur se lève le matin d'une épreuve. Il s'est préparé depuis des mois, il a eu du mal à s'endormir et il est stressé, tendu. Il a peu de temps avant de descendre au petit-déjeuner pour rejoindre le groupe. Il décide d'utiliser un "Jacobson simplifié" pour se relâcher. En posture debout, les pieds écartés à la largeur des épaules, il inspire longuement par le ventre, effectue une rétention d'air et contracte tout son corps, des pieds jusqu'à la tête, sans oublier le visage, pendant une trentaine de secondes. Il expire énergiquement et se relâche. Il prend un temps de récupération, une minute et recommence deux fois le mouvement. Pendant ce laps de temps, le coureur s'est considérablement détendu et a lâché ses préoccupations.
- "La Sophro-Mnésie" : on laisse le cerveau se souvenir librement du positif de son existence. Il n'y a aucune directivité, l'évocation est libre. C'est une valorisation de ce qui a été vécu, la personne peut retrouver ses racines, la confiance qui l'animait à un moment précis, les projets qui étaient les siens.
- "La Sophro-acceptation-progressive" : c'est un bond dans le futur, il s'agit de visualiser la prochaine compétition dont l'issue est incertaine et de se faire une représentation de l'action à mener. Le sophrologue s'emploie à renforcer le schéma corporel, les sensations et perceptions en relation avec l'évènement. On peut ainsi, pendant la séance, se préparer à fournir un effort tout en prenant en compte la globalité de l'environnement extérieur comme l'adversité, la difficulté de la pente, la dangerosité, le vent, l'enthousiasme des spectateurs...etc.
L'exemple : Diego Ulissi, vainqueur de la cinquième étape du Giro, a confié que son entraîneur, Michele Bartoli, lui demande de pratiquer la "visualisation positive". C'est ce qu'il a fait la veille de sa victoire, juste avant de s'endormir. Il a projeté le film de l'arrivée sur son écran mental, il a ainsi fabriqué des repères sur lesquels il s'est appuyé le lendemain. On peut penser qu'il a su s'économiser tout au long de la journée, en sachant comment il allait manoeuvrer pour tenter sa chance dans le final. Le but est de se faire une représentation de l'action à mener, tout en restant dans la réalité. Il s'agit d'associer les émotions générées par l'enjeu à la réalité du terrain.
Le positionnement
Nous savons qu'un coureur qui va suivre un entraînement et un programme de courses avec beaucoup de réussite une année, peut l'année d'après, sans rien changer, se retrouver en panne de résultats. La situation est identique en préparation mentale. Les piliers de la méthode sont l'adaptation et la créativité. Il est nécessaire de trouver régulièrement des idées pour solliciter positivement le corps et l'esprit, l'un ne va pas sans l'autre. La discipline laisse beaucoup de place à la nuance, au compromis et peu à l'excès. Pour ce dernier, qu'il soit verbal ou comportemental, nous considérons que c'est de l'énergie mal utilisée. L'association de la raison, de la réalité, aux émotions, de ce que je dis à ce que je tais, les pensées, donne la possibilité de mettre de l'ordre dans les questionnements, de relativiser, de se détendre vis-à-vis des difficultés pour mieux les affronter.
Propos recueillis par Alexis ROSE
N.B. : Pour lire les autres parties du dossier, c'est ici : #1.