Milan-San Remo - Jasper Philipsen d'un rien... merci Van der Poel, Pogacar 3e
Par Arthur DE SMEDT le 16/03/2024 à 16:38
Jasper Philipsen s'offre son premier Monument et succède à son coéquipier Mathieu van der Poel ! Le Belge d'Alpecin-Deceuninck a remporté ce samedi la 115e édition de Milan-San Remo, la plus rapide de l'histoire à plus de 46 km/h de moyenne, en règlant au sprint un groupe de douze unités sur la Via Roma - un scénario inédit depuis 2016. Il devance de quelques centimètres seulement Michael Matthews (Team Jayco AlUla), qui semblait bien parti pour s'imposer avant de se faire cruellement sauter sur la ligne. Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) complète le podium du jour après avoir tout tenté dans le Poggio, moins sélectif que prévu.
Vidéo - Jour de gloire pour Jasper Philipsen sur Milan-San Remo !
Un final à suspense, un sprint en petit comité, et la victoire de Jasper Philipsen au bout ! Le Belge s'est offert le 115e #MilanoSanremo et son 1er Monument devant Michael Matthews et Tadej Pogacar. Alaphilippe est 9e
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Julian Alaphilippe dans le top 10, MVDP s'est sacrifié !
Le Slovène est parti au sommet du traditionnel juge de paix de la Primavera avec Van der Poel, mais le duo a été repris dans la descente par un petit groupe de poursuivants. Le champion du monde et tenant du titre, héroique, s'est alors sacrifié pour permettre une arrivée au sprint favorable à Philipsen, qui a pu conclure malgré un final à suspense. Le top 5 est complété par Mads Pedersen (Lidl-Trek), et Alberto Bettiol (EF Education-EasyPost), Matej Mohoric (Bahrain Victorious) est 6e.
Enfin épargné par la malchance, Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step) réalise une belle course et prend la 9e place. Le Français devance Mathieu van der Poel, tout juste dans le top 10 après avoir servi sur un plateau la victoire à Philipsen, les deux hommes confirmant ainsi qu'ils forment une paire complémentaire et redoutable à battre sur les plus grandes courses.
Une échappée de 11 puis 10 coureurs sous contrôle
C'est parti pour le premier Monument l'année ! Sur les coups de 10h, c'est sous un beau soleil et dans des conditions idéales que le départ de la 115e édition de Milan-San Remo a été donné - pour la première fois de son histoire depuis la ville de Pavia, en banlieue de Milan. Au programme, 288 km jusqu'à la traditionnelle arrivée jugée sur la Via Roma de San Remo. Dès le baisser de drapeau, on assiste aux premières tentatives d'échappée, et la bonne se forme au bout d'une vingtaine de kilomètres parcourue à toute allure.
On retrouve en tête un groupe de onze coureurs avec comme souvent une majorité d'Italiens, plus motivés que jamais à domicile. Les Continentales transalpines sont en position de force avec plusieurs représentants chacune : Andrea Pietrobon, Davide Bais, Mirco Maestri (Team Polti Kometa), Valerio Conti, Davide Baldaccini, Kyrylo Tsarenko (Team Corratec - Vini Fantini), Samuele Zoccarato, Alessandro Tonelli (VF Group - Bardiani CSF - Faizanè), auxquels il faut rajouter l'Espagnol Sergio Samitier (Movistar Team), le Français Romain Combaud (Team dsm-firmenich PostNL) et Lorenzo Germani (Groupama - FDJ). Ce dernier décide cependant de se relever après quelques minutes à l'avant.
Pas d'action avant les Capo, une course très rapide
Contrairement à d'habitude, lorsque l'échappée matinale se voit accorder une grosse avance avec encore un long chemin à parcourir, ces dix fuyards ne prennnent pas le large, l'écart avec le peloton oscillant entre deux et trois minutes. En effet, derrière eux, Silvan Dillier (Alpecin-Deceuninck) et Jacopo Mosca (Lidl-Trek) viennent rapidement assumer la poursuite et les ambitions de leur équipes respectives pour Mathieu van der Poel et Mads Pedersen. La situation de course n'évolue pas jusqu'au pied de la première difficulté du jour - comme toujours l'interminable et roulante montée vers le Passo del Turchino - et même dans la longue transition qui emmène les coureurs jusqu'à la zone des Capo.
En effet, les kilomètres défilent et rien de bien passionnant ne se passe malgré une vitesse moyenne élevée, alors qu'on franchit la barre des 200 bornes parcourues. La marge des 10 hommes de tête est maintenue à moins de trois minutes, et les mêmes infatigables équipiers se relaient à l'avant du peloton. Le calme avant la tempête, un scénario classique sur la Primavera. Il faut attendre l'aprroche du Capo Melo, à un peu plus de 50 kms de l'arrivée, pour voir la tension monter progressivement au sein du peloton, à mesure que les équipes viennent se mêler à la lutte pour le meilleur placement possible.
UAE Team Emirates met en route dans les Capo, Laporte déjà out
Dès le pied du Capo Melo, la physionomie de course change. L'équipe UAE Team Emirates, très discrète jusqu'ici, prend les commandes du peloton au complet pour déjà imposer un train soutenu et rendre la course la plus dure possible. Le rouleau compresseur est en marche, reste désormais à savoir où Tadej Pogagar portera son attaque. Le Capo Cervo est avalé dans la foulée, et l'avance des fuyards chute logiquement à 1'30". Conséquence de la montée en pression du peloton, le Capo Berta, dernier et plus dur des trois Capi, fair déjà quelques victimes de marque. Et mauvaise surprise côté Français puisque le champion d'Europe Christophe Laporte (Team Visma | Lease a Bike) est le premier outsider à lacher prise, suivi peu après par Alexander Kristoff (Uno-X Mobility).
🔥No attacks, but a very hard rhythm from @TeamEmiratesUAE in la Cipressa.
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â±ï¿½'� More than 9 minutes though #MilanoSanremo pic.twitter.com/XHUQKR1hD2
Un gros rythme dans la Cipressa
Les coureurs prennent alors la direction de la Cipressa (5,6 km à 4,1%), un endroit hautement stratégique que tous les prétendants à la victoire veulent aborder dans les premières positions, tandis qu'on entre dans les 30 derniers kms. Le pied de la Cipressa est abordé au sprint par un peloton encore bien fourni et pointé à 30" de l'échappée. C'est alors Isaac Del Toro qui prend les rênes derrière et imprime un gros tempo. Le néo-pro mexicain donne tout et fait mal à tout le monde, ensuite relayé par son coéquipier Tim Wellens. Le paquet perd de nombreuses unités, à l'image de Jonathan Milan (Lidl-Trek), mais temporise ensuite sur la fin d'ascension.
Au sommet, il reste 5 rescapés avec quelques secondes seulement sur un peloton réduit à une quarantaine d'unités, le rythme d'UAE n'ayant finalement pas fait autant de dégats qu'espéré. Dans la descente, on assiste à un regroupement général au moment où Sergio Samitier (Movistar) part à la faute dans un virage. Profitant d'un moment de flottement, Davide Bais repart seul à l'attaque mais est repris à un kilomètre du pied du Poggio sous l'impulsion de la Lidl-Trek. Comme souvent ces dernières années, tout va donc se jouer dans le traditionnel juge de paix de la Primavera, qui s'annonce explosif !
IT'S THE FIGHT WE WANTED, IT'S �'🇮 TADEJ VS 🇳🇱 MATHIEU #MilanoSanremo pic.twitter.com/6DH5E3ZBfp
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Pogacar dégaine 2 fois dans le Poggio sans succès, MVDP se sacrifie, Philipsen conclut en beauté !
Après un premier relais d'INEOS Grenadiers, comme l'an dernier, c'est Tim Wellens qui place une première grosse accélération avec Tadej Pogacar dans sa roue. Le Slovène accélère une première fois, mais Mathieu van der Poel suit. Un petit regroupement s'opère, puis Pogacar y retourne et parvient cette fois à faire des différences. Son rival néerlandais réagit et arrive à faire la jonction au moment où le sommet est franchi. Mais le duo n'a que quelques mètres d'avance, et la descente permet aux poursuivants de rentrer, comme Tom Pidcock, Julian Alaphilippe, ou Matej Mohoric. Ce dernier tente d'ailleurs de refaire le coup de 2022 sur la fin de la descente !
Mathieu van der Poel sent le danger et comprend qu'il doit se sacrifier pour favoriser un sprint pour Philipsen, bien présent à l'avant. Le Néerlandais bouche tout les trous malgré de nombreuses attaques. Le suspense est entier dans ce final qui va pour la première fois depuis plusieurs année offrir un sprint en petit comité dans la dernière ligne droite. Michael Matthews sent son heure arriver et lance son sprint de loin, mais il est rattrapé sur le fil par Philipsen, qui saute l'Australien sur la ligne ! Pogacar vient compléter le podium.
📠288 KM, 6 hours, 15 minutes and 44 seconds, but the smallest of margins to separate @JasperPhilipsen and @blingmatthews #MilanoSanremo | #BornToDare pic.twitter.com/jH2839DkdZ
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